Ce roman picaresque de James McBride avait tout pour plaire.
L'oiseau du Bon Dieu nous conte l'histoire véridique du Capitaine John Brown qui mit littéralement le feu aux poudres en 1859 et déclencha peut-être la Guerre de Sécession. En tout cas, il fournit le prétexte.
Un illuminé religieux qui déclame ses interminables sermons à tout va.
[...] - Capitaine, flinguez-moi tout de suite, je préfère qu'on en
finisse rapidement, plutôt que de vous entendre me casser les oreilles
une seconde plus avec votre sermon, vous me soûlez avec vos paroles.
Vous me tuez à petit feu, là.
Le Capitaine part, avec ses enfants, la Parole de Dieu et son 'armée' de quelques égarés, combattre les esclavagistes et libérer les Noirs comme Don Quichotte partit combattre les moulins.
[...] Il était comme tout ceux qui partent en guerre. Il croyait que Dieu était de son côté. Dans une guerre, tout le monde a Dieu de son côté. Le problème, c'est que Dieu, Lui, Il dit jamais à personne pour qui Il est.
Cette incroyable épopée (ça dure trois ou quatre ans à travers tous les États-encore-Unis) nous est contée ici par un drôle de Sancho Pança : un jeune garçon Noir qui se retrouve déguisé en fille et qui ne quittera pas sa robe durant toute cette cavalcade.
[...] Je m'étais habitué à vivre un mensonge - être une fille -, pour moi les choses étaient claires : être Noir, c'est un mensonge, de toute façon. Personne vous voit tel que vous êtes vraiment. Personne
sait qui vous êtes à l'intérieur. Vous êtes jugé sur ce que vous êtes à l'extérieur, quelque que soit votre couleur. Mulâtre, brun, noir, peu importe. Pour tout le monde, vous êtes un Noir, tout simplement.
Surnommé(e) l'Échalotte, il deviendra la mascotte porte-bonheur du Capitaine qu'il suivra dans toutes ses aventures surréalistes (qu'il pourra donc nous raconter).
Ce bouquin a la tête de son auteur que l'on imagine peut-être facétieux et malicieux mais pas que. Et on devine ce portrait de l'incroyable John Brown, respectueux de l'Histoire et fidèle au personnage.
Malheureusement on n'a pas entièrement accroché. Difficile de dire pourquoi exactement.
Peut-être des personnages examinés de trop loin ?
Sans doute un livre un peu longuet où, passée la surprise de la découverte initiale, les premières années manquent cruellement d'intérêt avant que l'épopée de l'armée de John Brown décolle vraiment.
Et surtout, même si l'on découvre de nombreuses pépites au fil des pages, on est dérangé par une écriture qui manque beaucoup de fluidité : des petites phrases sèches, ponctuées de nombreuses virgules où l'absence répétée du ne de la négation finit par heurter.
Curieux de cette curieuse Histoire, avide de savoir comment tout cela va mal finir, on lit quand même jusqu'au bout ce gros pavé de plus de 400 pages mais en regrettant que ne vienne s'y ajouter le plaisir habituel de la lecture.
PS : c'est aussi l'occasion de découvrir un mystérieux Chemin de Fer Clandestin, le Train du Gospel.
Pour celles et ceux qui aiment l'Histoire, même en noir & blanc.