Premier film de Hossein Amini, le scénariste de Drive, The two faces of January, est un polar un peu mollasson qui veut reproduire le charme, le ton, les ambiances, les couleurs, des films noirs d’antan.
C’est même le côté plutôt réussi grâce à trois bons acteurs (Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac) qui portent le film à eux tous seuls. Faut dire que c’est l’histoire classique du trio fatal : le mari, la femme, le troisième larron.
Qui est réellement le mari, un élégant américain, richissime mais en fuite, et qui semble avoir quelques mauvais créanciers aux trousses ?
Qui est vraiment cette femme plus trouble que le simple rôle de blonde hitchcockienne de service qui lui semble dévolu ?
Et quel est ce petit arnaqueur bien attentionné, trop attiré par les charmes de l’une et l’argent de l’autre pour que son aide soit réellement désintéressée ?
Ça démarre plutôt bien avec un engrenage infernal qui met le trio dans une situation inextricable : tout cela a l’air cousu de fil blanc, bien trop convenu et le spectateur se dit qu’on est en train de l’emberlificoter et que derrière les apparences se cache un autre jeu et un autre trio … patience !
Mais non, le film se traîne nonchalamment sous le soleil égéen et la façade trop lisse n’était même pas en trompe-l’œil : on cherche vainement la double face de Janus mais on n’aura droit qu’au double-fond de la valise.
Petit coup d’accélérateur sur la fin car il faudra bien choisir entre la femme et la valise, à moins que comme dans tout bon film noir qui se respecte, ce ne soit finalement ni l’une ni l’autre.
Reste quelques belles images de Crète et surtout le trio de personnages, on l’a dit, aux relations troubles et équivoques, où l’on apprécie particulièrement le jeu entre le vieux riche et le jeune beau gosse … mais n’en disons pas plus pour préserver les rares mystères de ce film qu’on aurait aimé plus sulfureux.