Nostalgie...
J'aurais tant aimé aimer ce livre ! Il y a des fois, comme ça, où on retarde une lecture parce qu'on en attend beaucoup et, confusément, on sent une peur d'être déçue, et on sent bien qu'on a...
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le 27 janv. 2017
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C'est évidemment avec un petit pincement au cœur que l'on ouvre le paquet contenant Les bottes suédoises, dernier roman du regretté Henning Mankell disparu fin 2015.
C'est par fidélité au suédois et en souvenir de son très grand roman que furent Les chaussures italiennes, que l'on sort de la boutique avec dans les bras, cette paire de bottes en caoutchouc, clin d’œil amusé de l'auteur à ses fidèles lecteurs.
Car oui, c'est un peu la suite et l'on y retrouve donc le médecin retraité Fredrik Welin, toujours solitaire sur son île, toujours à se plonger chaque matin dans l'eau glacée, hiver comme été, pour se prouver qu'il est encore vivant.
Un vieil homme toujours aussi maladroit dans ses relations, notamment avec sa fille.
Un vieil homme que l'on retrouve dans les flammes lorsque sa maison s'embrase : en une nuit, il a tout perdu, il n'a même plus une paire de bottes à se mettre. Que lui reste-t-il à part quelques moments encore à vivre ?
Comme l'auteur, Fredrik Welin a encore vieilli et s'approche lentement mais sûrement de sa fin. De tendance hypocondriaque, le vieil ours bougon est devenu un homme inquiet (rappelez-vous ce polar : L'homme inquiet, lorsque Mankell franchissait le cap de la soixantaine).
[...] J’étais un vieil homme qui avait peur de mourir.
Mais disons le franchement, ces bottes suédoises sont d'au moins une ou deux pointures en dessous des désormais célèbres chaussures italiennes, et cette lecture n'aura vraiment de sens que pour les fidèles et les inconditionnels que nous sommes.
Malgré tout on aime bien ce vieil homme ronchon, solitaire, maladroit, pas même vraiment sympathique. Un vieil homme en proie aux doutes et aux angoisses, ceux de la vieillesse et même désormais ceux de la mort.
Autoportrait de Mankell en homme inquiet.
En décor de fond, l'intrigue est presque bâclée (même la virée chez nous à Montparnasse, rue d'Odessa, nous a laissés sur notre faim) et certains paragraphes frisent même l'indigence.
Le feu d'artifice des chaussures italiennes n'est plus qu'un maigre feu de paille. Mais fort heureusement la magie mankellienne opère de temps à autre au détour inattendu d'une page et la dernière partie du bouquin récompensera la fidélité du lecteur.
[...] Je me suis arrêté. J’ai ouvert ma portière avec précaution, comme si je risquais de déranger quelqu’un. Dehors, tout était silencieux. Le vent ne pénétrait pas au cœur de la forêt. J’ai fermé les yeux en pensant que bientôt je ne serais plus là. Il ne me restait que la vieillesse. À la fin, elle cesserait elle aussi et alors il n’y aurait plus rien.
Un dernier clin d’œil du maître du polar nordique, une lecture posthume réservée aux inconditionnels et un ultime rappel pour celles et ceux qui n'auraient pas encore découvert les chaussures italiennes.
Pour celles et ceux qui aiment les chaussures.
Créée
le 10 oct. 2016
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