Un bon film de fin d'après midi d'été. Quand le temps est lent, qu'il est encore trop tôt pour boire un Ouzo, trop tard pour travailler et qu'il fait trop chaud pour se balader. Très classique dans sa conception. L'action se situe dans les années 60, et on croit le film tourné dans les années 60. Les références sont d'ailleurs multiples à ce niveau, je vous laisse les deviner ou les lire ailleurs... Oscar Isaac est méconnaissable en petit arnaqueur romantique et sur de lui (bien loin de Llewyn Davis). Viggo Morgenstern est empreint d'ambiguité, amoureux en cavale poussé aux plus extrêmes saloperies.
Trois moments du film sont à décomposer. Le plus réussi selon moi est le premier, celui de a mise en place de l'intrigue, de la rencontre des personnages. Ils sont beaux et brillants, les discussions filent et la séduction opère. Nous sommes en Grèce, et ça donne envie de flâner dans les ruines. Les clichés des américains en voyage badinant dans leur costume de lin blanc. On ne sais pas encore où cette rencontre entre un couple élégant et un guide un peu louche va mener, et cette incertitude est bien agréable.
Une fois l'intrigue posée pour de bon, dans la chambre d’hôtel, un fois les protagonistes impliqués jusqu'au cou, le film perd un peu de son intérêt, même si l'on reste curieux du devenir de ce trio en cavale. C'est ici que Kirsten Dunst prend toute sa place, entre les deux personnages principaux tiraillés entre la complicité et la concurrence que leur ressemblance induit. Pour finir, la conclusion apporte un regain d'intérêt après ce deuxième tiers de film un peu décevant.
À retenir de ce film, le duo formé par Viggo Morgenstern et Oscar Isaac : père et fils spirituels, entre attirance et répulsion, l'un est une image possible du futur de l'autre, et pourtant la somme de ses compromissions représente le point de clivage entre les deux personnages. Comme chez Oedipe, il faudra tuer le père (ceci n'est pas un spoiler).