On ne lit pas le Livre du Nouveau Soleil comme on lirait une histoire comme les autres ; c’est plutôt comme si vous pénétriez dans un monde fantastique et mystérieux mêlant habilement et avec beaucoup de subtilité fantasy et science-fiction.
Ce récit à la première personne nous fait vivre aux côtés de Sévérian, apprenti bourreau de la Citadelle. Si ce personnage est peu décrit physiquement et moralement, on apprend à le connaître et à l’apprécier au fil des pages. Comme pour le reste de l’ouvrage, le personnage est écrit avec beaucoup de subtilité. Il n’est ni gentil ni méchant, il est tout en nuance.
L’Ombre du Bourreau possède un côté très fantasmagorique, un peu éthéré qui n'est pas pour me plaire en règle générale. Mais c’est sans compter sur le talent de Gene Wolfe, qui réussit à nous happer dans son univers et à tout faire pour qu’on oublie le monde réel. Même quand l’auteur nous parle à nous, lecteur, c’est en jouant le rôle de simple traducteur de l’ouvrage original, provenant d’un futur très lointain.
Le monde dépeint par l’auteur peut paraître, dans les premiers chapitres, relativement générique d’une œuvre médiévale-fantastique. Sauf que là aussi, G. Wolfe nous surprend en disséminant par toutes petites touches, de manière intelligente et discrète, des éléments de science-fiction faisant lever les sourcils du lecteur de fantasy non averti. Ces éléments prennent la forme de petites informations sur l’univers du livre glissées au sein d’un dialogue ou dans une description. Et, petit à petit, on comprend qu’on n’est pas dans un univers classique et encore moins générique. On est dans une œuvre atypique et pleine de mystère, orchestrée avec brio par l’auteur.
Ô toi, lecteur de ces mots, sache que si tu pénètres dans cet univers, tu risques de t’y perdre pour de bon. C’est un monde plein de questions, un monde passionnant et étonnant sur bien des aspects. Un monde écrit et décrit avec une subtilité rare. Il peut y avoir des longueurs, des passages trop oniriques qui peuvent en perdre plus d'un, mais je fais confiance à l'auteur pour savoir où il va. On verra si j'ai raison ou pas.
Je croise les doigts pour que la suite soit d’aussi bonne facture et continue à me surprendre.
PS : ma critique de l'intégrale est à lire ici : https://www.senscritique.com/livre/L_ombre_du_bourreau_L_integrale/critique/145084945