Partant d’un fait-divers réel, Peter Rock nous met dans la position inconfortable du lecteur du journal intime d’une jeune adolescente, élevée en marge de notre société moderne par un père paranoïaque et surprotecteur.
D’abord délimité par les minces frontières d’un parc naturel de Portland dont elle ne sort que très rarement, le monde de Caroline vole brusquement en éclats par l’intervention d’un joggeur. Dès lors, l’héroïne découvre d’autres modèles de vie que celui imposé par son patriarche, le questionne, s’en éloigne parfois pour mieux y revenir au fil des évènements.
Je disais plus haut que cette lecture m’avait été inconfortable et ce, à double-titre : le style impassible de Caroline est souvent agaçant et, à mon avis, enlève au récit plus qu’il n’ajoute. L’autre source d’inconfort, qui s’avère être le point fort de ce roman, est le lien entre les deux principaux protagonistes ; à ce titre, j’ai apprécié le flou maintenu par l’auteur tout au long du récit sur la réelle nature de ce lien, qui semble tour à tour privilégié ou destructeur.
Le dernier chapitre continue à me hanter, deux semaines après avoir refermé le livre et le destin de Caroline restera sans doute dans ma mémoire de lecteur (malgré quelques éprouvantes erreurs de style) et c’est sans doute à ça qu’on reconnaît un bon roman.