L'assassinat de Mickey Mouse par Cinemaniaque
Sous ce titre qui attire forcément l’attention ce cache une magnifique analyse d’histoire du cinéma d’animation. Partant d’un postulat archi connu (la naissance et la prise de pouvoir de Disney dans le monde de l’animation), Pierre Pigot pose en trois points un postulat visible mais peu abordé : Disney était avant tout un observateur avant d’être un artiste.
Observateur dans le sens commercial du terme. Ce fameux assassinat, c’est en réalité la lente mort publique de Mickey au profit de Donald, le passage d’un personnage emblématique mais un peu fade à une super vedette commerciale. Plus que d’un meurtre, c’est d’un infanticide que parle Pigot, une mise à mort sans scrupule d’un créateur envers son œuvre pour mieux résister au risque de faillite.
Dans le second volet, Pigot enfonce le clou en abordant un épisode de Donald, Der Fuerher’s Face, curieusement (ou pas) censuré en Europe aujourd’hui dans toutes les intégrales DVD puisqu’il met Donald au prise avec le régime nazi. Sans prétendre jouer sur la cour d’un Sébastien Roffat, Pierre Pigot analyse l’association de l’animation et de la propagande et démontre comment Disney s’est enlisé dans une vision manichéenne et primaire du monde, loin d’un Blitz Wolf de Tex Avery qui osait l’humour là où Donald, comme Mickey avant la guerre, fut sacrifié sur l’autel de la commande de l’US Force.
Le troisième volet, plus faible, revient quant à lui sur la création de Picsou et comment, à nouveau, Disney a su tirer profit d’un besoin de l’Etat pour justifier une création « originale » et la mettre au service du pouvoir en place. Et de conclure dignement un triple essai brillamment écrit tant il est simple, accessible et efficace, quoique parfois trop en surface. Avant d’assassiner la dernière part d’innocence en nous quand on repensait aux cartoons disney de notre enfance…