Telles des figures mythologiques à l’esthétique androgyne sculptées dans le dur, les portraits photographiques de Sophie Boursat se rencontrent et contrastent dans des lieux inscrits comme dans le cadre d'une caméra aux contours surréalistes. Des lieux tantôt vides, tantôt agités, laisseraient-ils la fertile réincarnation d'Isis imprégner cette «foule vide de corps»? Organiquement tissé dans la chair et les entrelacs d'une vie de cinéties politiques entre Paris, Marseille, Tanger, Athènes, le Caire, Alexandrie, Tel-Aviv, Jérusalem, Ramallah, Assouan, Alep ou encore Gaza, dans un contexte plus que jamais tendu où les U.S.A n'ajoutent eux que de l'huile sur le feu en souhaitant encore reconnaître la ville de Jérusalem à l'état d’Israël, voici que nous apparaît ce manifeste comme celui de la paix dans l’éternel opposition entre «l'eau et l'huile», duquel émerge l'espoir d'un double je qui dit tu! Intime recueil autour du sacré et du deuil, tombeau d'une immortalité kunderienne, ce sanctuaire d'anecdotes fragmentaires semble avoir été écrit sous la pluie battante d'une sueur d'émotions. «L'huile de la parole» comme celle d'une veilleuse nous réchauffe le temps d'une marche quotidienne ou d'un voyage initiatique sur les chemins et sentiers arpentés de la psyché d'une «touriste qui ne veut pas l'être».