Un road-trip dans les quartiers de Liège (Belgique)
Les images d’Octavio en pleurs à la télévision, sans emploi suite à la fermeture d’un haut-fourneau, bouleversent Richard, artiste plasticien… C’est le point de départ d’une idée fulgurante, celle de « changer le monde » en réalisant, sous forme de performance artistique, le kidnapping de Lakshmi Mittal, cinquième fortune mondiale et PDG du groupe ArcelorMittal.
Dans le contexte liégeois, sur fond de crise, c’est sur un ton acerbe et léger que Nicolas Ancion induit une réflexion socio-politique sur le monde actuel…
"Les terrils, ce sont nos montagnes. Ces collines vertes autour de la ville sont des amas de déchets du siècle dernier, les restes de l’extraction du charbon et de la sueur des mineurs. La nature a repris ses droits, les arbres poussent là où l’on travaillait jadis. Sans doute que ce sera bientôt la même chose au fond de la vallée. La végétation poussera entre les rails, le lierre s’agrippera aux flancs des citernes rouillées ; les cokeries, les poches de fonte abandonnées le long du fleuve abriteront les araignées, les pigeons et des myriades d’insectes. On peut rêver de transformer tout l’ancien bassin industriel en réserve naturelle, on peut même trouver des fonds européens pour financer un projet pareil, laisser la nature faire son œuvre, envahir les usines en friche et les fabriques à l’abandon… Mais que fait-on des hommes, dans ce scénario-là ? Qu’est-ce qu’on leur donne à bouffer ? Les étourneaux qui chient sur les pare-brise sous les marronniers ? Il faut bien du travail si on veut pas crever de faim…" (p.108)