"Partir encore ? Quitter alors et la France et l'Algérie ? Transporter ailleurs la mémoire hypertrophiée de l"exil ? Essayer de trouver un ailleurs sans racines, sans racisme ni xénophobie, sans va-t-en guerre ? Cette contrée fantasmagorique n'existe sans doute que dans les espoirs des utopistes. Il n'est de refuge que précaire dès que l'on est parti une première fois. Ailleurs ne peut être un remède. La diversité de la géographie ne peut rien contre la constante similitude des hommes. Combien serons-nous, ceux partis en quête d'ailleurs, à l'aube de l'an 2000 ? Partir ou rester, qu'importe. Je n'ai pour véritable communauté que celles des idées. Je n'ai jamais eu d'affection que pour les bâtards, les paumés, les tourmentés et les Juifs errants comme moi. Et ceux-ci n'ont jamais eu pour patrie qu'un rêve introuvable ou tôt perdu."