Quentin Lafay est un ex-conseiller d’Emmanuel Macron. Dans son deuxième roman L’intrusion, publié chez Gallimard, il raconte comment « dans la vraie vie » il a été victime du piratage de ses données personnelles avec 4 autres personnes de l’entourage du futur président. Une affaire Griveaux avant l’heure…
La bande-annonce
« Je me suis fait pirater.
Toute mon existence est là, répandue sur Internet. Mes documents, l’ensemble de mes emails professionnels, tous mes courriels privés : des milliers de messages, reçus et envoyés. Depuis un moteur de recherche, n’importe qui est désormais en mesure d’accéder à ma correspondance privée, à douze années d’intimité. Demain, lorsqu’ils se réveilleront, mes parents pourront appréhender ma vie intime et sexuelle. Mon patron entreprendra peut-être l’archéologie des messages hargneux et absurdes que j’ai échangés à son propos avec des collègues ou des amis. Mes collègues saisiront mes photos de soirées, perceront à jour mes projets, mes goûts, mes opinions. Comme chacun, je vis de front une multitude de vies, disparates et compartimentées, faites de désirs antagonistes et d’intérêts incohérents. Mes amis découvriront les masques et les costumes variés que je porte lorsque je ne suis pas auprès d’eux ; ils verront l’étudiant que j’étais, l’amant que je suis devenu. Ma compagne, Sophie, aura accès à mes secrets, aux erreurs et aux tares que je tentais de lui cacher.
Me voilà nu. »
L’avis de Lettres it be
Après La place forte paru en 2017 déjà chez Gallimard, Quentin Lafay revient en librairie avec L’intrusion. Une fois encore, l’auteur utilise comme matière brute son expérience personnelle pour la transposer dans un roman. Une démarche qui a de quoi intéresser, si tant est que l’auteur donne du grain à moudre à des lecteurs déjà habitués à ce type de récit dans les « coulisses » des mondes de la politique, de l’entreprise, etc.
Dans L’intrusion, il y a assurément mise à distance de la réalité. Quentin Lafay raconte ce qu’il lui est vraiment arrivé à travers son personnage principal, Gaspard. Le monde de la politique devient celui de l’entreprise, les révélations intimes deviennent, entre autres, des révélations sur les coulisses peu reluisantes d’une société.
« Se faire pirater ses données personnelles, ce n’est pas agréable. Surtout quand on n’a des choses à cacher ». Ce pourrait être le (très) bref résumé de ce deuxième roman signé Quentin Lafay. Malgré un premier chapitre captivant, l’auteur tombe vite dans les poncifs attendus. Les questionnements intérieurs sur ces agissements passés qui ressurgissent, cet effet domino qui peut mettre à mal en quelques secondes une existence bâtie sur plusieurs années, cette entreprise prise au piège de la réaction hâtive ou du silence coupable… Rien de très neuf sous le soleil dans ce livre où l’empathie est trop vite située du côté de celui qui voit ses sombres dossiers lui revenir en plein visage.
La lecture de ce livre, en pleine affaire Griveaux, pousse vers une réflexion finalement simple : la responsabilité ne s’arrête pas dans le passé. À bon entendeur.
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