L'odeur de la mer par LioDeBerjeucue

J'ai lu ce livre quand j'avais 8 ans.

Dans mon école primaire, il y avait une classe de SEGPA, la classe des fous, des bizarres, des cancres.

J'étais issue d'une famille bon teint, up middle class, ce qui ne signifiait pas grand chose dans la vallée sinistrée où je vivais alors, mais on sentait bien la différence entre les gosses de militaires, de commerçants, de professions libérales, et les autres, ceux des blocs, dont les parents étaient au chômage ou bien bossaient dans les usines de metallurgie ou dans les manufactures de textile.

Je me souviens que ce livre m'a fait réfléchir, à l'époque.

Cette année là, j'étais au CM1, et on partait en classe de mer. Quand nos parents ont su que la classe de SEGPA partait avec nous, et que leur voyage a eux était financé non pas par leurs parents mais sur les deniers publics et sur la vente des gâteaux qu'ils avaient fabriqué toute l'année chaque samedi et qu'ils écoulaient au marché, ça a fait un tollé. Ils sont quand même venus, et c'était drôlement bien, parce qu'à Port Barcarès, au bord de la mer, on s'en foutait totalement de qui avait de bonnes notes et de ce que faisaient nos parents.

On était tous là à sauter dans l'eau, à cuire au soleil, à danser la lambada, à faire pipi dans la piscine et à partager les graines de tournesol achetées à la baraque de la plage.

Accompagnée de ce livre, de l'odeur de la mer, et des souvenirs de l'été précédent, en passant en CM2, j'ai lâché Olivier, Alexandre, Jean Pierre et Stéphanie, et j'ai fais d'interminables attrapes et parties d'élastique avec mes nouveaux copains Karima, Aurélia, Cédric, Damien et Kamel.

J'ai retrouvé ce livre aujourd'hui dans un magasin pour rien, un magasin fréquenté par d'autres gosses de cet âge là, et de ces quartiers là, je l'ai pris par nostalgie, je le rapporterai là bas par devoir de mémoire envers Vermillon, la Concierge, Couscous, Gamine et surtout leur instituteur, la Taupe, qui me rappelle le mien.