En Bretagne, on n'a pas de montagne mais on a une bonne descente...

Après avoir sillonné le Nord puis l'Alsace pour ses deux premiers livres, Gabriel Thierry s’attaque dans son nouvel ouvrage à la bière bretonne. Si les deux premières régions sont des régions brassicoles reconnues, ce n’est pas le cas de la Bretagne. Du moins historiquement car le renouveau de la bière en France doit beaucoup à une brasserie bretonne, Coreff, qui a ouvert dès 1985, une époque où l’on assistait pourtant à la fermeture des petites structures et à la concentration autour de grands groupes brassicoles.
Depuis les choses ont bien changé et Gabriel Thierry retrace toute cette histoire dans son livre organisé en 3 parties : Histoire, Renaissance & Nouvelle vague.

La première partie est la plus laborieuse puisque la bière n’avait pas une emprise historique forte dans la péninsule armoricaine et que les sources historiques font souvent défaut. Cela oblige l’auteur à prendre plusieurs détours pour nous raconter l’histoire de la bière bretonne. On y apprend tout de même plusieurs informations intéressantes sur notre breuvage préféré et la mise en page est agréable avec de nombreuses photos (même si je m’interroge encore sur ce choix curieux de photographier les bières dans des verres de cantine !).

Avec la deuxième partie, on rentre dans le vif du sujet et cela devient passionnant. C’est la partie qui rend hommage aux pionniers, Coreff en tête mais aussi les brasseries Lancelot, An Alarc’h et Saint-Colombe. Une période marquée par de nombreux succès mais le livre n’élude pas pour autant les problèmes qu’ont pu rencontrer des brasseries comme Mor Braz ou Britt à leurs débuts.

La troisième partie s’attaque à la nouvelle vague et pas seulement à travers les brasseurs, c’est toute la chaîne brassicole qui est passée en revue à travers les producteurs d’orge, les malteries ou encore les houblonnières car au-delà de la créativité et du goût, il y a une réelle envie chez les brasseurs bretons de s’approvisionner localement et de maîtriser l’intégralité du processus. Mais la créativité n’est pas en reste à travers les bières houblonnées, les bières vieillies en fût ou encore les innovations en tout genre que cela soit dans l’utilisation d’un houblon sauvage endémique (Brasserie de Trévarn) ou dans l’utilisation de plantes amères en substitution du houblon (Brasserie Saint-Georges). C’est la partie la plus intéressante mais aussi celle où à chaque paragraphe on a envie de boire une mousse. Et tout ceci n’est qu’un début car même les grosses brasseries ont des idées plein la tête, la Brasserie Britt va (encore) grossir et proposer des bières vieillies en fût, la brasserie Lancelot a ouvert récemment une distillerie, etc.
Nos verres ne sont pas prêts de se vider, Yec’h Mat !

Un très beau livre qui propose également en fin d’ouvrage un annuaire des brasseries bretonnes et de leurs gammes respectives. Un annuaire qui sera rapidement obsolète mais qui permet de partir en quête de nouvelles saveurs ou des coups de coeur de l’auteur.