Brillant
Je l'avoue humblement, je n'avais jusqu'à présent jamais lu un seul livre de Mr Jean d'Ormesson. Je me suis toujours contenté de ses nombreuses péroraisons, saillies et conversations dans les...
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le 12 févr. 2012
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Une conversation forte agréable à parcourir pour ce qu'elle nous apprend ou nous rappelle de la démesure du Grand Oracle Napoléonien et son héritage conquérant. L'Imagerie Révolutionnaire y est habillement contée et les Grandes Figures du Consulat, période charnière pour l’avènement du Régime Bonapartiste, tiennent la place légitime qui leur est du. Pour qui n'est pas particulièrement familier de la Grande Histoire Française, il pourrait être ardu de replacer ces événements dans le contexte de l'époque. La forme de dialogue épistolaire engagée y remédie en partie, nous permettant de ne pas jamais vraiment décrocher combien même nous ne serions pas aux faits des choses.
Jean D'Ormesson fait travailler notre imaginaire à travers une langue ancienne qu'il nous reste aisé d'assimiler et ce faisant, instruit une correspondance dans le temps qui n'est pas sans s'identifier au notre. La République qu'il entend légitimer par sa seule présence contient en son sein des germes démocratiques qui conduisent aujourd’hui encore notre destinée nationale. Mais sa force de persuasion n'en est pas moins dénuée d'un dessin despotique qui renvoie à une forme de Monarchie Totalitaire. L'Esprit des Tuileries ainsi que la Révolte Populaire d'avant 1789 conduisent le Chef à une prudence certaine. Mais ne l'entrave en rien dans sa volonté inébranlable d'instaurer une politique, sinon dictatoriale au moins fortement hiérarchisée et inégalitaire.
Roi Soleil, Dieux Chrétien et Héros Ramsesien il s'incarne en une multitude de Mythes qu'il s'efforce de perpétrer à travers ses nombreuses conquêtes dans le monde. Cela nous est judicieusement décrit par le normalien, tout autant que son infaillible soif de pouvoir et sa très haute estime de soi. Nous sommes alors renvoyés à de bien sombres futures échéances nationalistes ou les symboles de la Domination convoquent l'autarcie Pétainiste, Mussolinienne et Hitlerienne.
Il faut saluer l'entreprise de vulgarisation menée par l'essayiste tant il est toujours utile de se souvenir du passé pour comprendre notre présent. L'initiative est d'autant plus réjouissante qu'il le fait dans un esprit bon enfant que nous lui connaissons bien. Le bémol conséquent tient donc du fait qu'il omette une complexité narrative au profit d'un style plus direct, faisant se télescoper la rigueur journalistique au journal de bord populaire. Un petit reproche bien banal au vu du plaisir que l'on prend à se laisser porter par son ton gouailleur.
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le 28 avr. 2016
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