Nous sommes à Londres, à la fin de l’été. Daniel reçoit un appel téléphonique de son père annonçant que sa mère a été internée. Pourquoi, comment ? Il n’arrive pas à savoir grand chose. Sauf que sa mère est malade, qu’elle imagine des choses, qu’elle a réunit des preuves d’un meurtre.
Ensuite, c’est sa mère qui l’informe qu’elle arrive à Londres, qu’il faut qu’il garde le secret, qu’il ne doit pas en informer son père car elle a des révélations à faire sur sa vie en Suède. Afin de révéler son enquête, elle prend énormément de précautions.
J’ai eu énormément de mal à entrer dans ce roman. J’ai suivi pas à pas les faits racontés chronologiquement par la mère à son fils. Bien entendu, elle émaillait ces faits de questions pour savoir si son fils était digne de confiance, s’il pouvait la croire, s’il pouvait lui apporter une aide quelconque. Elle prenait l’ascendant sur lui. Elle voulait abolir toute la confiance qu’il pouvait avoir en son père. Jusqu’à cet évènement, père et mère ont toujours voulu protéger leur fils des aléas de la vie. D’ailleurs, on se rend compte qu’ils ne se sont fait aucune confidence. Car le fils a caché à ses parents son homosexualité. L’auteur, dans cette première grande partie de ce roman a-t-il voulu faire monter la pression au fur et à mesure. Je n’ai pas lâché tentant d’avancer dans les pages, me disant que tout cela peut bien mener à quelque chose qui fera de La ferme un bon roman. J’ai bien fait de persévérer même si tout se décante vers la fin de ce livre. Nous apprenons que La ferme peut être considérée comme une autobiographie.
Tom Rob Smith nous emmène, au gré de l’enquête de sa mère, sur un passé peu glorieux. Des secrets refont surface mais pas la totalité. Tilde sait ce qu’elle fait, elle est très organisée. Trop ? Possible. J’ai avancé sans trop me poser de questions sur son état. J’ai juste été choquée qu’elle ne fasse pas confiance à son fils, qu’elle le teste continuellement. Mais elle a eu peut-être raison car au moment où elle a baissé sa garde, elle doit faire face encore à l’hôpital. En effet, il n’y a réellement aucune preuve sur ce qu’elle avance. La ferme nous décrit les relations entre une mère et son fils qui étaient très proches, qui se sont éloignés
S’il y a bien une chose que je partage avec l’auteur, c’est bien son sentiment, plus qu’un sentiment, son expérience face aux maladies mentales, psychologiques. Lorsqu’on n’y est pas confronté, on ne sait pas ce que c’est. Heureusement que les médecins sont là pour expliquer, pour aider, si l’on peut dire, les familles. Je constate également qu’il existe une grande différence entre la France et l’Angleterre. C’est en train de bouger chez nous, grâce à de nombreux médecins compétents qui veulent sortir du carcan maladie psychologique = folie. Comment peut-on basculer ? Telle est la question. Cela peut être une expérience traumatisante pendant son enfance ou au début de sa vie d’adulte. Un malade interné peut se laisser mourir, refuser les soins, se dégrader physiquement et psychologiquement. Sauf qu’à un moment donné, les médecins doivent prendre la décision de l’alimenter.
Le lecteur ne peut pas se positionner pour l’un ou l’autre des protagonistes, que ce soit Tilde, le père ou Daniel. Chacun a un vécu. Daniel a été protégé par ses parents, peut-être trop. Il semble ne pas pouvoir prendre des décisions. Sauf qu’il en prendra. Elles ne seront pas toujours validées mais il pense avoir fait le bon choix. Son enquête plusieurs mois après son histoire lui donnera raison. J’ose espérer que la fin de La ferme annonce la même chose que ce qui s’est passé pour sa mère et son père.
La ferme nous raconte la vie suédoise dans des contrées reculées. Je retrouve dans ce roman ce que j’ai pu lire d’auteurs de ce pays. Les habitations sont énormément espacées. Bien que la nature soit belle, la nuit est très longue et peut provoquer bien des délires pour ceux qui vivent. Ensuite, il y a tous ces personnages qui tentent par tous les moyens de prendre l’ascendant sur les autres. Ce dernier point n’est pas propre à la culture suédoise. L’auteur, par ses descriptions, sait augmenter la tension, la terreur avec les paysages décrits, la vie des gens. D’ailleurs pour que cette pression augmente au fil des pages, les chapitres sont très courts.