Sans doute le pire recueil de poèmes que j’ai lu de ma vie, et j’ai des kilomètres dans ce domaine. En particulier les poèmes sur dieu qui ressemblent aux questions qu’on se pose à cinq ans : « Maman, si dieu il est bon, pourquoi le chat il ressemble à Jean-Paul Sartre ? ». Notre Père, prenez Baptiste et rendez-nous Péguy.
Un côté faussement engagé et subversif, mais quand on est face à une langue poétique insta-rupikaurienne, on ne peut pas lire ce genre de chose sans se marrer. Surtout quand c’est clairement une poésie bourgeoise : « Parfois je me réveille le matin/ incapable de me souvenir/ à quoi ressemble un visage humain// Alors je mange gras, salé, sucré/ et j’achète une trente et unième paire de chaussure// comme tout le monde » Non Baptiste, tout le monde n’a pas les moyens d’avoir 30 paires de godasses, tout le monde ne va pas dépenser 100 balles dans des objets de consommation inutiles dès qu’il a un coup de mou. Encore moins le clochard dont tu oses parler plus loin. On les connaît les poètes bobo-conso, les premiers à parler des clochards dans leurs poèmes, les derniers à leur adresser la parole dans la vraie vie. On connaît ce regard méprisant, de peur que le clochard, par sa présence, salisse la 27ème paire de chaussures. Notre Père, prenez Baptiste et rendez-nous Jésus.
J’ai l’impression d’avoir lu les poèmes d’un ado de 17 ans, qui n’a jamais lu de poésie de sa vie (ce qui est essentiel pour en écrire, imagine-t-on un naturaliste n’ayant jamais lu Darwin ?) et qui écrit sans réfléchir à la forme. Le genre de truc qu’on garde pour soi en somme. On a le droit aux éternelles images du masque de joie qui cache la tristesse, on a le droit au monde qui n’est pas beau et injuste (vilain le monde vilain !!), aux fleurs qui fanent sans personne pour les regarder (snif). Mais grâce à Bobo-Baptiste, les baies (« ou quelque chose d’approchant/ qu’est-ce que j’en sais » sic.) photographiées sont postées sur insta et les voilà sauvées ! Houra ! (Je ne caricature pas, c’est vraiment le sujet d’un poème.) Notre Père, prenez Baptiste et rendez-nous Jaccottet.
Je ne parlerai pas ici des poèmes d’amour, qui sont, selon moi, un motif de rupture. Ni de celui sur les violences conjugales « par amour ». C’est un sujet trop sérieux pour le laisser aux écrivaillons. Notre Père, prenez Baptiste et rendez-nous Akhmatova.
Le seul vers que j’ai aimé (grand mot) est : « sirop à la violette et Picon-Bière ».
Mais comme le dit notre turbobo-poète : « Toute poésie est ainsi capable du meilleur comme du pire » Je sais auquel nous avons eu à faire ici.