Pavlos Nicolaïdis revient en Grèce après 24 années passées à Paris (où il avait fui la dictature des colonels). Bien entendu, quand on retrouve le lieu de son enfance et de sa jeunesse, on fait le bilan : ce qui a changé, les souvenirs d'enfance, les amis, la famille...
Mais ce qui frappe le plus le narrateur, c'est son ignorance sur l'histoire du pays. La Grèce antique, pourtant glorieuse, lui est totalement étrangère. Il se souvient juste de cours qu'il n'avait pas suivis au lycée, et d'un article lu récemment : sur le site de Delphes était gravée une énigmatique lettre Epsilon. Toute seule.
Cette lettre va focaliser l'attention de Pavlos. Et va lui permettre de découvrir le rapport étrange, ambigu, qui relie la Grèce moderne à sa lointaine aînée.
Très bien écrit, ce roman réussit à être à la fois intelligent sans jamais perdre son lecteur. Les références abondent (non sans humour parfois), mais ce n'est jamais pour éblouir le lecteur.
Le narrateur présente ce livre comme étant son journal, d'où un aspect discontinu, avec une narration qui a l'air de sauter du coq à l'âne. Mais cela permet de couvrir de nombreux aspects pour montrer comment l'antiquité influence toujours la Grèce moderne, comment celle-ci est à la fois héritière et prisonnière de celle-là.
Et cet aspect politique n'occulte pas la profondeur psychologique du personnage.
Un très beau roman, abordable, rapide à lire et intelligent.