Ce roman est-il trop court ? L'écriture prenante de Blas de Roblès, aurait tendance à me faire dire que oui, et pourtant... Pourtant on voit bien ici que le roman est d'abord un alibi pour parler du Tibet.
Un alibi aussi pour pour détruire le mythe qui s'est construit à partir de fantasmes et de délires, d'un rapport mystique, voire surnaturel, entre le Tibet l'Allemagne nazie.
A la vérité, tout le roman interroge la question des mythes : les personnels, que l'on construit pour soi volontairement ou involontairement, ceux que l'on construit pour les autres...
La fiction libératrice, un récit mythifiant ce que l'on a vécut, ce que l'on nous a raconté ou ce dont on ne se souvient que par bribe, et la fiction destructrice qui répand des mensonges en prétendant détenir la vérité.
Autant dire que l'auteur ne semblait pas vouloir forcément construire un long récit mais bien faire démonstration.
J'avais lu L'Île du Point Némo, qui déjà démontrait une habileté et une originalité dans les modes de narration croisée, ici encore on admire cette originalité qui enrichit la démonstration. L'histoire est en quelque sorte mise en abîme : ce que l'on lit dès le départ, c'est un épisode de la vie de Rose réinventé par son fils sous la forme d'un roman. Un épisode qu'elle lui a raconté cent fois et qu'il s'approprie. S’intercale la correspondance de la mère qui réagit sur cette réécriture du fils, en rétablissant la vérité parfois. Mais cet épisode, cet homme étonnant au point d'en devenir une mystérieuse légende familiale elle aussi l'a sûrement transformé...
Un roman court donc, mais d'un très grande habileté.
Quelque chose me dit que je n'ai pas finis de lire Blas de Roblès...