Un peu déçu par cet ouvrage qui, de mon point de vue, fait preuve d'un étrange aveuglement. L'espace de cette critique ne permet pas un approfondissement sérieux mais le cheminement, que distingue Giorgio Colli, de la dialectique originelle, celle des sages comme Héraclite, vers la rhétorique platonicienne, considérée non sans raisons comme une régression, occulte il me semble un phénomène beaucoup plus important. Il s'agit de rien de moins que de la naissance de la démocratie.
Giorgio Colli pose pourtant lui-même l'apparition de la dialectique comme étant avant tout "l'art de la discussion, d'une discussion réelle, entre deux personnes vivantes". Le but de cette discussion étant de trouver une issue au próblêma (énigme) en confrontant des vues divergentes de son interprétation.
La dialectique n'est nullement l'art d'avoir raison mais on contraire le dépassement de la raison séparée par la confrontation à sa négativité, à ce qui la contredit. Ouvrant ainsi la porte à une nouvelle compréhension. Avec la naissance de la démocratie grecque (voir l'indispensable ouvrage de Mogens Herman Hansen : https://www.senscritique.com/livre/La_democratie_athenienne_a_l_epoque_de_Demosthene_Structure/449435) , c'est précisément cela que l'on voit s'établir socialement.
Ce n'est donc nullement chez Platon (qui fut d'ailleurs un adversaire acharné de cette démocratie) qu'il faut aller chercher l'épanouissement de cette dialectique originelle mais bien dans cette manifestation historique décisive que fut alors la démocratie.
Il est vrai toutefois que son pitoyable avatar contemporain n'aide pas à cette compréhension.