Je regrette que Scarron soit mort, j'aurais bien aimé être une de ses potes pour continuer à rigoler avec lui au-delà de La Précaution Inutile. Parce que, bien que publiée dans les années 1650, La Précaution Inutile a le potentiel de faire rire n'importe qui, n'importe où, n'importe quand. D'un dynamisme enlevé qui empêche l'ennui, la nouvelle était le choix idéal pour raconter la vie mouvementée d'un personnage dont on adopte le point de vue, mais qui n'est pas dépourvu de ridicule. S'ensuit une double ironie tordante plus que mordante puisque Scarron est assez habile pour nous montrer un personnage tellement buté dans son propre système qu'il va en être l'ultime victime, malgré les avertissements que peuvent constituer les anecdotes et récits enchâssés, qui apportent beaucoup aux rebondissements et à l'énergie du récit.
Il en résulte un texte court mais brillant, puisque ses qualités ne se résument pas à l'humour, loin de là, et c'est ce que prouvent les échos qu'on trouve à la Précaution, comme L'École des Femmes ou Le Barbier de Séville.