La Prise d’Ilion raconte un mythe littéraire fondateur de notre histoire, de notre culture. Il s’agit du cheval de bois des achéen, stratagème qui provoqua la chute de la cité de Troie. Ce célèbre épisode du Cheval de Troie voit sa relation directe à la fois absente de l'Iliade et de l'Odyssée. Pourtant, il s’agit d’un texte méconnu et bien trop souvent ignoré, mais paradoxalement tout le monde en est cependant familier.


La seule édition disponible (Les Belles Lettres, 1982) de ce livre est assez peu accessible. Les notions en sont particulièrement pointues : la métrique grecque ancienne est particulièrement ardue pour le néophyte et le vocabulaire associé navigue entre des notions telles qu’hexamètre, dactyles, penthémimère, etc. On retrouve même quelques paragraphes non traduits en grec ancien, sorte de présupposition de la capacité du lecteur à le décrypter. Quelques recherches simples permettent de saisir les notions, mais sans savoir lire le grec, l’intérêt se trouve assez limité. Heureusement pour le lecteur moyen cela n’occupe qu’une poignée de pages. Ne lisant pas le grec, cela ne m’a pas énormément perturbé : initialement, ce genre d’édition ne m’est clairement pas destinée.


Pour le reste c'est d'un enrichissement incroyable. La longue introduction et son établissement des sources du texte est capable de balayer un nombre incroyables d'idées reçues en quelques pages. Cela permet même d’offrir un regard sur le monde incroyable de la poésie épique post-homérique et du Cycle Troyen. En effet, Collouthos n’est absolument pas grec mais égyptien, né au sein de l’Empire romain aux environs du IVe siècle. Seulement il a baigné dans une culture littéraire riche, héritée de l’Égypte ptolémaïque. Or pendant longtemps le latin y est restée la langue de la loi et la littérature est demeurée à cette époque dans le domaine linguistique grec.


Comment critiquer un texte dont presque deux millénaires nous séparent, passé de papyrus en manuscrits au fil des siècles, des scribes, copistes, scholiastes et glossateurs ? Forcément, Triphiodore n'est pas Homère. Il n’a pas son génie, un monde et des siècles les séparent. Son epyllion n'a pas l’ampleur des longs poèmes épiques de son modèle et la pratique de la mimesis rend un style volontaire archaïsant qui ne restera en fin de compte qu’une sorte d’imitation de l’illustre aède, racontant une fois de plus un épisode si souvent abordé par ses prédécesseurs du Cycle.

Brad-Pitre
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le 26 avr. 2019

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