J'ai déjà eu l'occasion de l'avouer sur ce site : j'apprécie les romans de Dan Brown. D'abord parce que j'aime ce genre d'intrigue farfelue qui mêle complot et énigme historique. Mais le problème du Brown, c'est que ses romans se lisent plus rapidement qu'une rédaction de Ribéry et qu'il écrit au même rythme qu'un Voulzy. Résultat, on est tenté de se replier sur d'autres auteurs qui jouent dans la même catégorie (ou qui le croient, du moins).
Et c'est ainsi que cet été, peut-être poussé par la touffeur oppressante du juillet lorrain, peut-être attiré par le nom
d'un empereur célèbre pour avoir donné son nom à plusieurs établissements scolaires (dont un où j'ai glorieusement officié plusieurs années durant), je me suis décidé pour ce Steve Berry prometteur.
Mais voilà, Steve Berry est à Dan Brown ce que le déca est à l'expresso : sans couleur, sans goût, sans saveur. Une lavasse soporifique avec quelques grains de n'importe quoi à l'intérieur. Du jus de chaussettes littéraire.
Déjà, le personnage principal (et visiblement récurrent chez l'écrivain, même si ça me fait un peu mal au sein d'employer un tel terme pour désigner Steve Berry) se prénomme Cotton. Là, il y a un indice flagrant que quelque chose ne tourne pas rond dans ce livre. Cotton Malone, ex agent d'une quelconque force spéciale façon "Homme du Président", devenu un improbable libraire dans je ne sais plus quelle contrée nordique (un agent spécial qui devient spécialiste des livres anciens... et pourquoi pas Chuck Norris en infirmière, tant que vous y êtes !), se lance dans une enquête sur la disparition de son père, survenue il y a belle lurette et dont on se contrefout royalement.
Par contre, ce qui est censé nous intéresser, c'est que cette mort est intervenue lors d'une mission secrète en
Antarctique. Bon, à vrai dire, on s'en fout aussi, parce que la Terre Adélie, c'est bien loin d'Aix-la-Chapelle et, aux
dernières nouvelles, l'empereur germanique n'a pas envahi le royaume des pingouins. M'enfin...
Et c'est bien là l'un des défauts majeurs de ce roman, surtout si on le compare aux enquêtes du brownesque Langdon. Dan Brown prend des faits réels, authentiques, et les interprète de façon fictive, comme ces sculptures du Bernin (qui existent vraiment) qui indiquent un chemin secret dans Rome (la fiction dérive d'une interprétation de la réalité, et c'est ça que je trouve passionnant chez Dan Brown). Alors que chez Steve Berry, tout est issu d'un imaginaire délirant. En gros, Charlemagne aurait fait la rencontre d'une civilisation très avancée (les Aryens, mais pas les mêmes que ceux du Moustachu Frénétique) qui lui aurait dit (entre autres) comment construire sa chapelle d'Aix.
Le ridicule d'une telle proposition annihile systématiquement tout intérêt que l'on pourrait avoir pour le roman. Et, en plus, tout cela nous est annoncé dès le début : quel intérêt reste-t-il au roman ? C'est la question que l'on pourrait se poser.
Et, cette question, on se la pose. On a d'ailleurs largement le temps de se la poser. Car on s'ennuie ferme dans ce roman. Alors, il y a une soeur qui raconte l'histoire de Charlemagne et des Anciens pendant deux cents pages tandis qu'en parallèle, on assiste à une série d'assassinats. Et, là aussi, on connaît dès les premières pages l'identité du commanditaire de ces crimes.
Donc (un petit résumé s'avère nécessaire je crois) : on a une énigme dont on connaît tout, des crimes dont on connaît l'assassin, un complot au sujet duquel on n'a plus rien à apprendre dès la centième page (sur 700 environ).
A cela, ajoutez une dizaine de personnages, des chapitres de deux pages qui s'interrompent n'importe quand et surtout n'importe comment, une profondeur psychologique qui n'est pas sans rappeler celle des films de Max Pecas, etc. En bref, c'est nul.