La Réparation par Angélita
Salomé, l’histoire d’une petite fille morte pendant la guerre 39-45, mais aussi une petite fille qui est bien vivante puisqu’enfant de Colombe Schneck.
Des morts à Auschwitz, des morts dans les camps de Lituanie.
Des morts dont la famille a tu l’histoire, la souffrance en cachant tous les éléments.
Cette période de l’histoire, 39-45, m’a toujours intéressée, du plus loin que je me souvienne. Entre horreur et fascination. Et ce n’est pas fini. Dès que je peux, je lis des livres sur ce qui s’est passé, comment ont vécu ceux qui ont souffert de cette période, de l’internement, de la séparation.
Sans faire d’amalgame, cela peut trouver un écho à ce qui peut se passer actuellement et cette peur qui peut nous tarauder lorsque la poussée de l’extrême droite est aussi poussée en Europe. Il semblerait que les gens n’ont rien compris, qu’il y a un sacré retour en arrière. Pourtant, à l’école, cette période est assez poussée. Mais il semblerait que le devoir de mémoire, au sein des familles, ne se fait plus.
La réparation est une (auto)biographie. Colombe Schneck, part sur les traces de ce passé qui lui a été tu. Elle va tenter de savoir, en interrogeant sa famille, des histoires, ce qui a pu arriver à son arrière grand-mère et ses cousins, morts dans les camps, et en particulier sur cette petite fille, Salomé, qui porte le nom de sa fille.
La réparation est l’histoire des Juifs de Lituanie. Sous le joug des Russes et également persécutés par les nazis. Les Juifs de Lituanie ont, eux aussi, connu l’antisémitisme avec les quotas.
Réparer le mal fait par les Allemands. Ne pas en parler pour ajouter à la tristesse. Prendre sur soi la douleur alors que des femmes, jeunes, ont préféré vivre et laisser mourir leurs enfants. Elles connaissaient le sort réservé aux plus jeunes, aux personnages âgées.
Tout faire pour éviter de se souvenir de l’horreur vécue. Il faut également que la famille ne sachent. Les enfants qui suivent ne doivent manquer de rien au niveau matériel, mais ils manqueront de l’essentiel, l’amour d’une mère car elle ne leur montrera pas. A-t-elle peur d’être séparée d’eux, de prendre une décision irrévocable ?
Il semblerait que pour certains Juifs le devoir de mémoire soit trop lourd à porter, à supporter.
Colombe Schneck nous entraîne sur les pas de sa famille. Une famille dont elle a entendu parler. Une famille dont elle ne s’est pas préoccupée pendant très longtemps. Mais le passé est trop lourd à porter lorsque l’on est une maman. Pourquoi toujours cette peur diffuse de voir son enfant mourir et de survivre. A quoi est-ce dû ? Elle arrivera à faire la lumière. Cela lui permettra de grandir et de ne plus sentir cette culpabilité latente. Une culpabilité ressentie par sa grand-mère et sa mère. Elle veut qu’elles reposent en paix, leur démontrer qu’il ne fallait pas qu’elles se sentent coupables de ce destin, de cette période de l’histoire qu’elles ont été obligées de subir.
Les mots sont forts, durs, mais on ne tombe pas dans le mélodrame. C’est l’histoire avec toute son horreur. Mais c’est également une leçon de courage pour ces hommes et femmes qui ont survécu. C’est également un beau message d’espoir.
Un petit livre des Editions J’ai Lu que je remercie. Il ne suffit pas de beaucoup de pages pour tout raconter, tout avouer et prendre le lecteur à la gorge.
Par contre, je ne sais pas si ces enfants, même jeunes, n’ont jamais rien ressenti durant ces périodes, même si les parents ne montraient rien de ce qui arrivait. Les enfants sont sensibles et même s’ils ne comprennent pas tout, ils ont bien dû se rendre compte que rien n’allait.