Lyon, 1er janvier 1898, le corps d’un enfant des quartiers populaires est retrouvé dans une décharge, mutilé. C’est le commissaire Soubielle et son équipe qui sont chargés de l’enquête, dans une ville qui s’enflamme à la veille délections et en plein cœur de l’affaire Dreyfus.
Premier roman pour l’auteur et grande réussite. Ce roman policier historique accroche à tous les niveaux. L’histoire d’abord, c’est-à-dire les relations très tendues entre dreyfusards et anti-dreyfusards. Les actes antisémites sont nombreux et peuvent aller jusqu’au meurtre, la montée de la Ligue, un parti d’extrême-droite particulièrement vindicatif, antisémite, xénophobe et magouilleur (toute ressemblance avec un tel parti, de nos jours semble frappante, même si ses chefs ont lissé la forme -mais pas le fond- ces dernières années). Le contexte est particulièrement bien rendu, explosif et installe une tension évidente dans ce roman. On sent qu’à tout moment, un acte, un propos peut être ressenti ou pris comme prétexte à un embrasement des quartiers et de la ville entière.
L’intrigue ou les intrigues pour être plus précis, sont brillamment menées. Sans se perdre, Gwenaël Bulteau aborde des thèmes aussi joyeux que l’affaire Dreyfus et ses conséquences dans la société, la prostitution enfantine et la pédophilie, la condition ouvrière de l’époque, la pauvreté… Gwenaël Bulteau prend le temps de construire une histoire pour chacun de ses flics, ils ne sont pas justes de figurants, si bien qu’on s’attache à eux, même dans leurs faiblesses voire leur violence.
Aucun temps mort, même pas pour reprendre souffle après une scène difficile. Certes, l’on pourrait poser le livre quelques minutes, mais la chose n’est pas simple à accomplir tant on est happé par le livre. Alors, on le lit d’une traite, quasiment...