Voilà déjà quelques temps que j'avais envie de lire Vico.


L'occasion se présente : je la saisis.


J'ouvre le livre.


Dans un premier chapitre, Vico expose sa méthode nouvelle pour étudier l'histoire, et qui me paraît assez brillante. Selon lui, il faut s'inspirer à la fois des philosophes et des philologues, c'est-à-dire puiser dans les textes et se servir de sa raison pour en déduire le vraisemblable. Sa grande idée surtout, c'est que les textes mythologiques ne doivent pas être considérés comme de simples fables, mais qu'ils peuvent servir de matériau pour étudier et connaître les sociétés anciennes.


Le problème, c'est que Vico écrit à une époque où l'archéologie était encore balbutiante, où l'on n'avait pas encore déchiffré les hiéroglyphes et où l'on ne connaissait même pas l'écriture cunéiforme, par conséquent, presque toutes les conclusions qu'il tire au sujet des sociétés antiques sont erronées.


C'est ainsi que je lis, un peu consterné, que Zoroastre était Chaldéen, que les Phéniciens étaient plus anciens que les Egyptiens, qu'ils leur ont transmis l'écriture ou encore que Sésostris et Ramsès n'étaient qu'une seule et même personne.


Devant un tel fatras d'erreurs, je finis par douter du crédit qu'il faut apporter à cette longue somme de réflexions diverses et assez érudites, parfois malignes, parfois absurdes. Je finis même par avoir envie de jeter carrément le livre à la poubelle.


Je m'accroche.


Arrivent les deux derniers chapitres.


C'est là que Vico en arrivent à tirer des lois plus générales au sujet de l'histoire. Selon lui, toutes les sociétés humaines traversent trois âge : l'âge des dieux, l'âge des héros et l'âge des hommes. Politiquement, cela se traduit par une succession de régimes, ce que Vico analyse comme un progrès de la raison et de la civilisation. Les sociétés connaissent d'abord la théocratie, quand les poètes métaphysiciens imposent aux hommes des lois d'inspiration divine, puis les guerriers prennent le pouvoir, ce qui conduit à une aristocratie qui dégénère ensuite en démocratie, et donc en un désordre généralisé où chacun ne cherche plus qu'à défendre ses intérêts privés. Finalement, un roi parvient finalement à imposer l'égalité entre les citoyens grâce à la monarchie. Vico observe que ce même cycle a traversé les sociétés antiques, puis les sociétés modernes depuis le début du Moyen Âge jusqu'à son époque. Il y voit même la marque d'une sagesse divine qui s'impose dans l'histoire et qui a permis le triomphe du christianisme, la "meilleure de toutes les religions du monde", car elle réunit l'inspiration divine et la sagesse des philosophes.


C'est comme si Vico était parvenu à retrouver le cycle des âges, dont parle Hésiode, et dont parle la cosmogonie hindoue, dans l'histoire humaine. Il parvient en en fait à mettre en rapport le temps des dieux et le temps des hommes.


Si ses thèses sont assez audacieuses, et parfois même un peu trop arbitraires et systématiques, il faut bien reconnaître qu'elles sont assez brillantes. Il nous même l'impression d'avoir enfin trouvé, la clé du temps !


Quel vertige ! mais, comme, malgré tout, une bonne moitié du livre serait à jeter, je ne mets que 5/10. C'est comme ça !

Assecurare
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le 14 mars 2017

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