L'auteur nous offre une peinture de ce qui été considéré comme "le monde" à l'époque, autrement dit la société aisée de Paris où se presse tout le monde pour l'exposition Universelle, évènement phare témoin de la renommée de la capitale française à l'époque. Soit l'auteur a souhaité dépeindre le tout Paris mais dans ce cas, avec des personnages majoritairement issus de la classe haute, ce n'est pas véritablement une peinture réaliste. Soit son titre est emprunt d'un ton ironique (et je pense et j'espère que c'est le deuxième cas). Car, dans cette toile, le personnage principal dénote et vient briser les codes de cette société tout comme Joseph.
Même si les descriptions sont détaillées et intéressantes d'un point de vue historique, on a l'impression parfois de contempler des décors vides et inanimés surtout au début de l'œuvre, effet peut-être recherché par l'auteur. Il en va de même pour les personnages : on passe de l'un à l'autre sans que l'auteur ne décrive véritablement leurs émotions et sentiments mais ils se caractérisent surtout par leurs actions et la perception qu'ils ont du monde au travers l'écriture de l'auteur : cette manière de procéder est intéressant nous montrant l'inaccessibilité d'autrui comme de nous-mêmes mais il nous met à distance des personnages auxquels je trouve on a du mal à s'attacher, ce qui n'est pas sans nous rappeler L'étranger de Camus. Finalement, ce n'est que dans le dernier chapitre que l'œuvre adopte un ton plus doux et mélancolique convenant bien au bonheur de la vie simple et ne se perdant pas dans la complexité, et qu'on a le plaisir de découvrir plus profondément les personnages et leurs relations assez touchantes.
L'auteur nous offre ainsi différents tons suivant les personnages et la progression de son œuvre. D'ailleurs, le ton ironique du chapitre 5 avec la vision de Cortissoz et la réplique piquante du personnage principal est assez délectable.
En résumé, un roman qui comporte des chapitres très agréables mais devant lequel on se sent le plus souvent mis de côté face à une œuvre qui ne se dévoile souvent qu'en surface.