Cher monsieur Guenassia, félicitations !
Dans ce deuxième roman, on suit Joseph Kaplan comme on suit l'écoulement du temps. Mais surtout on retrouve l'écriture déjà croisée dans "Le Club des incorrigibles optimistes" : ce rythme très elliptique et paradoxalement assez lent, descriptif. Deux constances conduisent le lecteur à travers des pays, des univers très différents : Joseph Kaplan et le leitmotiv de Gardel en fond sonore. Le reste se construit pour s'effriter par la suite, laissant place à de nouveaux personnages, un nouveau lieu... On se plonge dans ces atmosphères antagonistes avec une telle facilité, qu'elle donne l'impression d'en être vraiment. Pour un peu on sentirait la moiteur algérienne nous coller à la peau. Quand aux personnages, on retrouve, comme dans le "Le Club des incorrigibles optimistes", des êtres passionnés, enflammés par leurs convictions politiques. Dont cet homme, qu'on croirait au cœur du roman dès le titre, avant de l'oublier pour ne le redécouvrir qu'au milieu du roman et sous un nom qui nous questionne. Une tricherie habile de l'auteur qui a l'air de prendre plaisir à intriguer, faire marcher son lecteur. Car on a l'impression qu'à se moment-là, le livre se construit autour de ce Ramon Benitez, d'ailleurs on le déguste plus encore en sentant le vent glacé du sanatorium sur nos joues, mais c'est sans compter l'auteur qui, quelques pages avant la fin, clos cette intrigue pour en faire jaillir une autre toute aussi intéressante, amenant à ressortir le roman précédent. Finalement, ce livre est un coup de cœur car il mêle subtilement Histoire, culture littéraire commune (avec ses clins d’œil appuyés à Camus et Kafka), surprise et impression de plusieurs "personnage principal" qui changent plus ou moins régulièrement, comme si c'était à nous de choisir lequel sera le nôtre.
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