A la rencontre de l'obession de Bruckner

La Vigne écarlate a tout pour me plaire. C'est un roman, assez court, qui se lit très bien et dont on a très envie de tourner les pages. Mais surtout, c'est une histoire au sujet du compositeur autrichien Anton Bruckner. Et moi les livres sur les musiciens, j'aime ça. J'ai eu à lire des biographies et même un Roman de Bruno Lemaire (le ministre, oui), au sujet de Carlos Kleiber.


Et qui aime un temps soit peu la musique de Bruckner trouvera de l'intérêt et du plaisir dans ce livre. Ce livre est tombé dans mon escarcelle car au salon du livre de 2019, j'ai assisté à la remise du Prix France Musique des muses, qui récompense les ouvrages dont le sujet est la musique. Vincent Borel y a obtenu le Prix coup de cœur. Et il s'agit du seul livre primé que j'ai eu envie de lire. Car l'auteur, en récupérant son prix, a livré une anecdote marquante au sujet de Bruckner: Il a été puceau toute sa vie.


Son absence de vie amoureuse, et de plaisir charnel a sans doute dû influencr son œuvre. Et c'est ce que sonde ce roman. Les chapitres font des aller retour dans la chronologie, en commençant par la fin de la vie du compositeur qui lui laisse trop peu de temps pour achever sa 9ème symphonie. En passant par sa jeunesse dans sa campagne autrichienne, puis sa vie à Linz et à Vienne. Au fil des pages, et des anecdotes, on se rend compte que toute la sensualité dont Bruckner était capable, tout son érotisme, se retrouvent dans sa musique. Le livre s'attarde davantage sur les 3ème (dont on relate la création chaotique au Musikverein) et 9ème symphonies. Mais pour qui connait un peu sa musique, d'autres passages vont trouver un autre sens. Toute sa 4ème dite "Romantique" trouve son écoute améliorée, et l'entrée dans le chef d’œuvre qu'est la 8ème est facilitée. Ses partitions qui sont déjà des trésors, retrouveront alors d'autant plus d'éclat, surtout à la lecture de l'inventivité et de l'onctuosité des rythmes qui y sont écrits.


Et même sans avoir la musique en perspective, on découvre un homme passionné et passionnant, assez loin de son portrait de personnage pieu. Bien évidemment, la religion a une part importante dans sa vie, mais on découvre également un bon vivant, qui ne refusait jamais de lever son verre pour prendre de la bière, et qui aimait manger des quantité pantagruéliques. Dans un style fluide et clair, on croit vraiment entrer dans la tête de ce compositeur et le récit semble tellement authentique qu'on a envie d'en croire chaque mot. On en garde également l'impression qu'une vie amoureuse épanouie n'est pas une condition indispensable pour entrer dans la postérité, malgré toutes les désillusions (professionnelles, artistiques, amoureuses) qui peuvent jalonner une existence.

Andika
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le 18 janv. 2020

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