Transcendant !
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Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette suite à la Stratégie Ender surprend. Pour ma part la surprise fut au premier abord assez négative : où est passé le jeune Ender, ce garçon atypique traçant sa voie jusqu'aux étoiles ? Où est passé le confort rassurant d'un univers manichéen, où l'humanité fait face à une menace extérieure, les doryphores, sans autre choix que de riposter ? À la place, nous voici transportés sur une planète mélangeant culture brésilienne et extraterrestres ressemblant à des cochons, on admettra qu'on a déjà vu un cadre plus enchanteur.
Puis, à mesure que le roman avance, Orson Scott Card surprend de façon beaucoup plus positive. Tout d'abord, on se rend vite compte qu'il n'a rien perdu de son style si captivant, simple et charmeur, ce don pour nous emmener dans la tête d'un personnage et nous faire partager ses pensées avec exactitude.
Mais c'est quand les engrenages mis en place vont se mettre à jouer, tandis qu'Ender avance dans sa quête de la vérité, que le roman va révéler sa splendeur, l'authenticité de ses personnages, et la solidité de son scénario. À la quête initiatique du premier tome va se substituer la quête de compréhension des piggies, et si celle-ci est un chouïa moins captivante, elle permet à Card de développer des thèmes autrement intéressants.
Il y a en effet dans ce livre de nombreux éléments invitant à la réflexion, qui montrent une qualité de l'auteur qu'on entrevoyait déjà dans le premier livre. Une qualité que j'aimerais appeler "humanisme" mais le terme serait impropre, notre langue n'étant pas encore adaptée aux réalités de la rencontre inter-espèces. "Ramanisme" pourrait-on dire suivant cette nouvelle terminologie développée par Démosthène dans le roman. On se doute qu'avec cette nouvelle terminologie plutôt bien pensée, Orson Scott Card souhaiterait, comme les Trois Lois de la Robotique d'Asimov, dépasser le cadre de la fiction pour contribuer à façonner un nouveau domaine d'études. Intention louable même si elle risque fort de ne pas se concrétiser faute de rencontres extraterrestres !
Le roman explore également le thème de la religion, même si beaucoup moins que le tome précédent. Mais surtout, encore une fois, Card construit tout au long du roman une tension impeccablement maîtrisée qui s'accumule jusqu'à un final magistral, où le lecteur jubile comme jamais. Aussi ce deuxième tome surprend, en nous emmenant loin des sentiers balisés de la science-fiction, mais ne déçoit pas !
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le 5 juil. 2014
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