La brebis galeuse par Nina in the rain
Quel roman curieux, quel curieux roman. Parfois, pendant ma lecture, des ébauches de phrases me viennent à l'esprit qui serviront à faire des messages pour ici. Des phrases grandiloquentes ou de petites blagues, des traits d'esprit ou des adjectifs tous bêtes. En lisant La Brebis galeuse, rien ne m'est venu à l'esprit. Non pas parce qu'il ne travaillait pas mais, au contraire, parce qu'il travaillait trop. Mon esprit était trop occupé à comprendre et à savourer ce que je lisais pour se préoccuper de quoi que ce soit d'autre, billet de blog ou manque de sommeil. Parce que ce n'est pas un petit roman que l'on lit par dessus l'épaule de son voisin, sans y prêter trop d'attention. Je le croyais, et j'ai été bien eue. En même temps, j'aurais du m'en douter : les éditions du Sonneur ne font pas ce genre de texte : il y a toujours une réflexion, quelque chose derrière l'évidence. Là, dans ce roman qui paraît à vue de nez être un texte drôle sur les changements des années soixante, on plonge en fait dans ce qui me semble être une vertigineuse réflexion sur la folie et, surtout, sur la mise au ban de la société des personnes dites folles. Et à travers la narration simple et presque enfantine de deux héros pensionnaires d'un asile italien passent en filigrane les évolutions de l'Italie des cinquante dernières années.
Ce petit texte que j'hésiterais à qualifier de roman pour y préférer le terme de « texte », justement, est un travail d'orfèvre, mené à bien par l'un des plus grands dramaturges italiens contemporains. Il en dit beaucoup sur l'art de la représentation et sur le chant des mots. C'est un très beau petit livre à offrir ou à s'offrir, comme on dit.