Un instantané du Londres des eighties

La Couleur du souvenir est un roman finalement attachant bien qu'il ne s'y passe, semble-t-il, pas grand chose. Les personnages - un groupe d'amis vivant à Brixton dans l'Angleterre des années 80 - vivotent de petits boulots en arnaques sans conséquence, fument des pétards en citant Nietzsche entre deux rave parties ratées. Le temps passe l'air de rien, sur fond de misère sociale et d'émeutes. Avec un sujet pareil, je m'étonne encore (3 mois après) que ce qui me reste de cette lecture soit une impression de chaleur, presque de réconfort. Quelques recherches formelles (le chapitrage à rebours, l'ecriture 'photographique') ne suffisent pas à faire de La Couleur du souvenir un chef d'oeuvre, et sans doute n'y serais-je jamais venue si ce livre n'avait pas fait partie d'une liste de lectures imposées. Je le recommande cependant si vous aimez les romans basés à Londres, les ambiances un peu à la Friends où les amis consolent des petites contrariétés quotidiennes (enfin, avec un peu plus de consommation de drogue quand même), ou si vous vous intéressez à l'atmosphère de l'époque. À sa sortie, le livre était taxé de générationnel (compliment ou cliché?) et on sent, à le lire, l'effort pour recréer une ambiance, une texture, une couleur, qui font de ce premier roman une lecture plaisante faute d'être inoubliable.
[Pour les lecteurs anglophones, vous serez peut-être intéressés par le bel échantillon d'argot londonien (daté).]