Juin 1940, le gouvernement français quitte Paris. Cet abandon donne le signal d’un exode gigantesque qui jette les populations sur les routes. On retrouve dans ce roman, pêle-mêle, Jacqueline Perret embarquée avec ses parents, son frère et leur bonne dans la voiture familiale pour rejoindre la propriété des grands-parents ; Lucien Schraut, soldat déserteur qui veut rejoindre la femme qu’il aime ; Paul Guirlange, avocat fasciste accompagné de sa femme Marie-Louise ; Hortense Gutkind, la jeune femme dont Lucien est amoureux. Tous se retrouvent bloqués au milieu de ce vaste chaos où chacun cherche à sauver sa peau.
Ce roman est puissant par sa force d’évocation. Les scènes apocalyptiques qu’il décrit lors des bombardements, les morts et les blessés qui jalonnent la route sont montrés dans toute leur cruauté et leur crudité.
La psychologie des personnages auxquels l’auteur s’attache sont aussi extrêmement bien rendus avec leurs faiblesses, leurs petitesses, leur égoïsme et parfois leurs moments d’héroïsme.
Un roman qui rend compte avec force de ce que dut être cette période complexe, sans rien cacher des comportements humains.
L’auteur retrace par ailleurs avec beaucoup de détails passionnants la déroute des soldats, l’incompréhension générale et cette espèce de période où personne ne sait bien quoi faire au milieu de ce grand moment de déroute où rien ne semble maîtrisé.
La documentation est précise donnant encore plus de relief et de réalité aux événements.
C’est passionnant, on dévore ce roman page après page à la suite des personnages créés par Romain Slocombe jusqu’à l’annonce de la demande d’armistice annoncée par Pétain et à la perpétration de nouvelles atrocités, notamment le massacre des soldats sénégalais par les troupes d’invasion allemandes.
Un magnifique travail de reconstitution et de mémoire.