Un roman comme une petite clope !

Xavier Deutsch nous propose avec "La dernière du paquet" un court roman pour un public plutôt féminin (mais pas forcément).

Pour cet ouvrage, Deutsch nous écrit une belle prose dans un style très abordable, fluide, délicat. Toute sa capacité d'invention langagière, stylistique, poétique ne fait ici qu'affleurer.

C'est l'histoire de Marie, jeune psychologue pour enfants, en couple avec Philippe. Ils mènent une vie rangée comme peut l'être celle d'un couple trentenaire aisé dans la banlieue de Bruxelles.
Marie va recevoir discrètement des lettres d'un mystérieux admirateur, ce qui va apporter quelques vibrations à son quotidien, mais aussi des interrogations sur elle-même. Et, bien évidemment, le personnage masqué derrière ses missives ne sera pas celui qu'on imagine.

Je crois ne pas me tromper en écrivant que Deutsch est un grand amoureux des femmes et qu'il a cherché ici à étendre son lectorat féminin en lui offrant une petite douceur (le livre a été édité et offert avec le magazine 'Gaël').
J'ai eu l'occasion de feuilleter d'autres livres de l'auteur.  On dirait que chaque texte est pour lui l'occasion d'explorer une nouvelle manière de faire, un nouveau champ d'expérimentation d'écriture. A chaque fois j'ai été entravé dans mon élan de lecture par sa liberté formelle et stylistique, par ses distorsions et circonvolutions poétiques.

Ces caractéristiques de jeune écrivain sont toutes à son honneur. Il se trouve simplement que les quelques titres que j'ai parcourus n'ont pas rencontré de porte ouverte dans ma maison (sauf un ou deux autres titres, quand même, mais Deutsch est prolifique et il faudrait déjà parvenir à mettre la main sur toute son oeuvre).
Ce livre se lit d'une traite. On pourrait lui reprocher d'être trop facile, trop évident, de viser un public de ménagères en mal d'aventures extra-conjugales. Personnellement je le trouve pas mal réussi dans son genre, d'une linéarité très abordable. On suit le questionnement et les émotions de Marie avec juste ce qu'il faut de détail, à la bonne distance. On y trouve moins du langage 'cru' qui peut heurter certain lecteurs. Deutsch a, pour ce petit opus, 'gommé' ses velléités d'expérimentateur.

Pour ado et adulte, selon moi. Bravo, Xavier !