"La fissure" de Jean-Paul Didierlaurent : l'étrange loufoquerie du banal

Après l’immense succès rencontré pour Le liseur du 06h27, Jean-Paul Didierlaurent revient avec La fissure publié chez Au Diable Vauvert. Une fois encore, l’auteur s’amuse à dénicher l’extraordinaire dans le banal, le loufoque dans le routinier. Une recette similaire à ses précédents livres. Une recette qui marche encore ? Lettres it be vous en dit un peu plus.


La bande-annonce


Dernier représentant d’une entreprise de nains de jardin rachetée par une holding américaine, Xavier Barthoux mène une vie bien rangée entre la tournée de ses clients, son épouse, son chien et sa résidence secondaire des Cévennes. Mais quand il découvre une fissure dans le mur de sa maison, c’est tout son univers qui se lézarde… Animé par une unique obsession, réparer la fissure, il entreprend un périple extrême et merveilleux jusqu’à l’autre bout du monde.


L’avis de Lettres it be


La fissure est le roman du rien qui change tout, du détail qui bouscule tout le reste. Xavier Barthoux, monsieur Tout-le-monde, mène une existence plutôt tranquille et l’apparition d’une fissure dans le mur de sa maison de vacances va tout changer, vraiment tout. De sa relation de couple tantôt chaotique tantôt idyllique en passant par sa vie professionnelle, notre homme va se retrouver au cœur d’une réflexion existentielle menée tambour battant avec … un nain de jardin. Crise de folie passagère ? Métaphore de toute une époque ? Jean-Paul Didierlaurent sème les différentes réflexions possibles avec tout l’allant que l’on reconnaît.


Une fois encore, le natif des Vosges fait mouche dans sa volonté de faire naître d’une situation parfaitement ordinaire tout un récit qui voltige juste au-dessus de la l’horizon du réel. On retrouve cette folie ordinaire, cette folie de tous les jours à l’image de celle qui nous avait tant marqués dans En attendant Bojangles d’Olivier Bourdeaut. Mais la corde semble s’user et les écueils se font un peu plus nombreux que dans ses précédents livres.


Un nain de jardin qui parle, des rencontres fortuites à l’autre bout du monde, une fissure dans le mur d’une maison de vacances et qui va chambouler une existence toute entière … Jean-Paul Didierlaurent ne lésine pas sur l’inventivité et l’originalité dans son dernier roman. Mais là où Le liseur du 06h24 ou Le reste de leur vie parvenaient à garder une certaine cohérence, La fissure part un peu trop dans tous les sens. De toute évidence, la deuxième partie du livre sonne résonne comme une envie de roue libre de la part de l’auteur, une envie qui reste difficile à suivre tant l’histoire s’envole et l’intrigue s’étiole. Malgré tout, retrouver la plume de Didierlaurent est toujours un plaisir, retrouver ce sens du burlesque discret, de la folie ordinaire. Un petit trou d’air mais nul doute que l’auteur saura rebondir et nous proposer à nouveau des titres dans la veine de ce qu’il sait faire de mieux.


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le 8 mars 2018

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