La guerre commence au-delà de la mer par Soralhim

Pour ma première critique j'avais envie de vous parler d'un livre qui me tient particulièrement à coeur.
Pour présenter succinctement Ryu Murakami (à ne pas confondre avec Haruka Murakami), il s'agit d'un auteur japonais pessimiste qui au travers de toute ses oeuvres nous dépeint une société japonaise décadente et désenchantée.

"La guerre commence au-delà de la mer" nous propose de suivre divers personnage dont les destins sont étroitement liés sans pour autant se croiser. Chaque protagoniste nous présentant son quotidien au travers quelques pages, jamais très nombreuses, de façon plus ou moins poussée. Les histoires s'entrecoupent sans pour autant avoir de lien, ce qui est assez déstabilisant de prime abord, d'autant plus que le livre ne contient aucun chapitre, il est prévu pour se lire d'une traite (comptez environ deux heures et demi). Comme d'habitude avec Murakami, les thèmes abordés sont assez sombre, on passera ainsi par la description de la survie d'enfants contraints lutter avec des chiens sauvages dans une décharge à la recherche de quelques matériaux qu'ils pourront revendre par la suite, à celle d'un jeune garde dont la vie familiale se voit pertubée par la présence d'un père grabataire. Tout est fait pour perdre le lecteur, pour renforcer le sentiment de malaise, les descriptions s'enchaînent sans que l'on voit où l'auteur veut en venir, avant la toute fin de l'histoire qui fait definitivement basculer la vie de tout les protagonistes.
La force de l'oeuvre réside précisement dans cette construction d'apparence anarchique, mais qui se révèle en réalité particulièrement bien pensée, montrant parfaitement à quel point les personnages sont insignifiants tout comme leur vie, tout en insistant sur la façon dont chacun d'entre eux a perdu ou tente de conserver son humanité, dans un monde qui finalement n'a que faire d'eux.
Les points négatifs sont les mêmes que pour les autres oeuvres de l'auteur, à savoir un livre très cru qui pourra rebuter de prime abord, et une construction qui ne prend son sens qu'à la relecture.
En conclusion, je ne saurais que trop vous recommander la lecture de ce livre qui malgré certains aspects rebutant prête à réflechir sur le genre humain.