DOA, je l'ai découvert avec Citoyens Clandestins qui était un livre d'espionnage - action - thriller très documenté racontant l'opération d'infiltration d'une cellule djihadiste par d'un côté une jeune journaliste un peu cruche et de l'autre un tueur à gages employé par la DCRI (ou son équivalent de l'époque). J'avais aimé cet angle plutôt neuf et entraînant ainsi que le portrait croisé entre les deux protagonistes dont la vie aventureuse était contrebalancée par une vie privée merdique et solitaire.
Avec La ligne de Sang, DOA nous entraîne dans un univers complètement différent mais raconte pourtant toujours la vie de paumés dont les destins se croisent par la force des choses. L'histoire commence comme un épisode de Julie Lescaut et pendant une centaine de pages, on est dans le quotidien de flics de quartier. Mais petit à petit, l'histoire s'emballe, on change d'univers et on entre dans quelque chose de beaucoup plus noir et glauque qui débouche dans un univers occulte que n'auraient pas renié JC Grangé ou même (ou surtout dirais-je) le Maurice Dantec des Racines du Mal.
Car la ligne de sang comme les racines du mal abordent sans complaisance et avec un traitement similaire le sujet de tueurs de masse totalement désinhibés et insensibles, évoluant dans un univers parallèle où les autres hommes sont des proies tout juste bonnes à assouvir leur faim de souffrance et de mort.
Tout commence donc par un accident de moto. Le motard dans le coma est envoyé à l'hôpital et quand on essaye de savoir qui il était, on se heurte à un mur de vide. Où habite-t-il ? Qui est-il ? et où est passé sa petite amie, dernière personne à l'avoir vu avant l'accident ? Pendant que la police enquête (d'abord mollement puis, au fur et à mesure que l'enquête progresse, de plus en plus fébrilement), le motard traverse différents états de veille et on en apprend un petit peu plus sur son histoire qui a beaucoup à voir avec la sorcellerie, la magie noire et le diable.
Passé les cinquante premières pages assez poussives (mais c'est fait exprès) on est happé par l'histoire et on tourne fébrilement les 650 pages de ce gros pavé pas trop indigeste. L'auteur a ce talent de ne pas trop en dire, laissant au lecteur le soin de digérer l'information pour comprendre par lui même le sens des événements qui se succèdent et que les protagonistes ne perçoivent pas vu que, eux, n'ont pas toutes les cartes en main. C'est diablement bien joué et bien construit.
On peut cependant regretter une fin peut-être légèrement bâclée avec une ultime pirouette qui laisse en suspens un très grand nombre de questions, même si dans ce domaine, le mystère vaut certainement plus que les explications.