Genyu Sokyu aborde le quotidien de ces Japonais face à la catastrophe de Fukushima.
Des nouvelles qui se suivent chronologiquement : juste après le tsunami, avec les souvenirs encore frais de l'horreur, dans le décor dévasté où il n'y a plus que des montagnes de boue à la place des maisons. Puis quand les gens s'organisent un nouveau quotidien, logeant dans des pré-fabriqués, décontaminant les lieux, luttant entre la peur d'être là et l'espoir du retour à la normale. Enfin, le "bien après", avec un ton plein d'espoir et de poésie, la pensée que rien dans la Nature ne peut être complètement mauvais.
L'auteur garde un équilibre délicat entre compte rendu documentaire et récit fictionnel. Grâce à ses écrits, on découvre comment ont pu être vécus les évènements, les silences puis les mensonges de l'Etat, la dignité qui fait garder la tête haute, le déni aussi, qui permet de continuer.
On est au cœur du dur quotidien auquel étaient confrontés les habitants de Fukushima : des gens disparus, des corps alignés, sans identité, des habitations détruites, la solidarité ou la peur qui cloisonne...
Mais toujours avec une distance, douce et réflexive. Genyu Sokyu donne une sérénité méditative à ses histoires. Et chaque personnage, chaque élément, même complètement perdu, semble peu à peu retrouver une place. Sa place dans cette Nature hostile et protectrice.
Un beau livre, sobre, poétique, ancré dans le réel, et profondément humain.