Voilà une lecture bien étonnante pour moi. Je n’aurai sûrement pas ouvert ce livre si je n’avais pas dû le faire pour le travail. Mais en rencontrant l’auteur, Ernest Unë, j’ai saisi plus aisément sa démarche.
Cet enseignant à la retraite et linguiste a fait là un travail de mémoire et de pédagogie. Alors que les savoirs se perdent, que les vieux s’éteignent un à un, Ernest Unë a dû substituer l’écrit à la tradition orale. Une nécessité pour préserver les savoirs.
Ce livre ne parle pas que de pêche, mais de la manière dont celle-ci s’inscrit dans un contexte culturel, historique, environnemental et coutumier. Il est impressionnant de constater l’ingéniosité des anciens pour pêcher tel ou tel poisson et surtout la complexité de leurs techniques. A la lecture de cet ouvrage, on comprend ce qu’est un peuple de pêcheurs. Et de toute l’intelligence mise en œuvre, de la science acquise au fil des générations.
Certains aspects du livre restent rébarbatifs, notamment la nomenclature des poissons. La structure, comme le propos, sont parfois un peu maladroits. Mais, malgré toutes les techniques évoquées, l’ouvrage est facile à lire (enfin, à condition de vivre en Nouvelle-Calédonie pour saisir une partie des références). L’enseignant est ici à l’œuvre. Une volonté de transmettre et un sens de la pédagogie que j’aurais aimé avoir dans Histoire d'une chefferie kanak d'Alban Bensa et Até Antoine Goromido.