Je ne reviendrai pas sur le découpage du récit ( où la romancière prend un malin plaisir à passer d’une époque à une autre, avec un personnage masculin ou féminin mis en avant pour éclairer l’intrigue).La vraie surprise du livre, c’est la narratrice inconnue et pourquoi elle observe tant de choses à Birchwood Mannor. Le lecteur intuitif comprendra qui est cette « femme-fantôme » assez vite et aimera comprendre comment Kate Morton veut amener les choses.Ce qui m’a déplu, c’est que quelque part, on relègue le personnage d’Elodie Winslow, à une enquêtrice qui doit faire son boulot d’archiviste. Il y avait matière à la faire rencontrer avec Allastair, ce fiancé dont elle n’est pas vraiment amoureuse.Et l’épilogue avec Jack aurait nettement plus retrouvé de retentissement. Je vais être direct mais Kate Morton est plus une grande faiseuse capable de restituer l’époque victorienne avec brio mais il s’avère qu’elle tâtonne vraiment dans ses choix narratifs me laissant dubitatif, pour ne pas dire sur ma faim.Ainsi le personnage d’Elodie Winslow perd vite en envergure comparé aux personnages du dix-neuvième siècle que sont Edward et Lucy Radcliffe et bien sûr Albertine ( ou Birdie, « Lily Millington » si vous préférez.) C’est dommage car la jeune archiviste aurait pu plus affirmer son caractère dans des situations mieux choisies. Là où Kate Morton joue aussi avec le lecteur, c’est avec son sens trop affirmé de l’ellipse. Ce procédé « coup de théâtre » lui permet de surprendre une première fois avec Ada Lovegrove mais elle en use pour nous dévoiler qui est finalement le Prince Pâle ou encore pour remettre Tip en scène dans la dernière partie.C’est un peu trop convenu.Si je devais finalement statuer sur la façon d’appréhender la Prisonnière du temps, je pencherai sur le mode Cluedo, étant encore l’aspect du livre où Kate Morton parvient à susciter l’intérêt principal. Par contre, je suis déçu du sort qu’elle réserve à Lucy Radcliffe car son intelligence ne la destinait pas à commettre cette bourde avec Birdie ( manquant d’impact et de vraisemblance).Sans être complètement inadéquat, la Prisonnière du temps tombe parfois dans des travers évitables. Le plaisir de la lecture, heureusement, n’en est pas complètement gâché. Si Kate Morton structurait ses effets, elle pourrait devenir une écrivaine plus talentueuse que médiatique.Souhaitons lui des progrès dans ce sens.