Les choix narratifs de Kate Morton me laissent dubitatif

Je ne reviendrai pas sur le découpage du récit ( où la romancière prend un malin plaisir à passer d’une époque à une autre, avec un personnage masculin ou féminin mis en avant pour éclairer l’intrigue).La vraie surprise du livre, c’est la narratrice inconnue et pourquoi elle observe tant de choses à Birchwood Mannor. Le lecteur intuitif comprendra qui est cette «  femme-fantôme » assez vite et aimera comprendre comment Kate Morton veut amener les choses.Ce qui m’a déplu, c’est que quelque part, on relègue le personnage d’Elodie Winslow, à une enquêtrice qui doit faire son boulot d’archiviste. Il y avait matière à la faire rencontrer avec Allastair, ce fiancé dont elle n’est pas vraiment amoureuse.Et l’épilogue avec Jack aurait nettement plus retrouvé de retentissement. Je vais être direct mais Kate Morton est plus une grande faiseuse capable de restituer l’époque victorienne avec brio mais il s’avère qu’elle tâtonne vraiment dans ses choix narratifs me laissant dubitatif, pour ne pas dire sur ma faim.Ainsi le personnage d’Elodie Winslow perd vite en envergure comparé aux personnages du dix-neuvième siècle que sont Edward et Lucy Radcliffe et bien sûr Albertine ( ou Birdie, « Lily Millington » si vous préférez.) C’est dommage car la jeune archiviste aurait pu plus affirmer son caractère dans des situations mieux choisies. Là où Kate Morton joue aussi avec le lecteur, c’est avec son sens trop affirmé de l’ellipse. Ce procédé « coup de théâtre » lui permet de surprendre une première fois avec Ada Lovegrove mais elle en use pour nous dévoiler qui est finalement le Prince Pâle ou encore pour remettre Tip en scène dans la dernière partie.C’est un peu trop convenu.Si je devais finalement statuer sur la façon d’appréhender la Prisonnière du temps, je pencherai sur le mode Cluedo, étant encore l’aspect du livre où Kate Morton parvient à susciter l’intérêt principal. Par contre, je suis déçu du sort qu’elle réserve à Lucy Radcliffe car son intelligence ne la destinait pas à commettre cette bourde avec Birdie ( manquant d’impact et de vraisemblance).Sans être complètement inadéquat, la Prisonnière du temps tombe parfois dans des travers évitables. Le plaisir de la lecture, heureusement, n’en est pas complètement gâché. Si Kate Morton structurait ses effets, elle pourrait devenir une écrivaine plus talentueuse que médiatique.Souhaitons lui des progrès dans ce sens.

Specliseur
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes lectures en 2021

Créée

le 29 mars 2021

Critique lue 342 fois

Specliseur

Écrit par

Critique lue 342 fois

D'autres avis sur La prisonnière du temps

La prisonnière du temps
Specliseur
6

Les choix narratifs de Kate Morton me laissent dubitatif

Je ne reviendrai pas sur le découpage du récit ( où la romancière prend un malin plaisir à passer d’une époque à une autre, avec un personnage masculin ou féminin mis en avant pour éclairer...

le 29 mars 2021

La prisonnière du temps
loeilnoir
7

La prisonnière du temps - Kate Morton

Je cherchais un récit dont le sujet ou un des thèmes principaux serait une maison, un manoir, mystérieux de surcroît avec à la clé une énigme, un secret bien gardé… J’avoue être passionnée, non…...

le 15 avr. 2020

La prisonnière du temps
JessicaDubreucq
7

Critique de La prisonnière du temps par Jessica Tomodachi

Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, je trouve que les maisons d’édition apportent de plus en plus de soin au design de leurs couvertures. En temps normal, je résiste facilement à l’envie...

le 12 mai 2019

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

26 j'aime

3

#JeSuisLà
Specliseur
7

La destination plus que le voyage

Jesuislà est un film retors car les vingt premières minutes du film ne vous préparent volontairement pas à ce qui va suivre. En effet, le spectateur a tout juste le temps de se baigner dans la vie de...

le 7 févr. 2020

19 j'aime