La vallée des masques par Nina in the rain
Ma cohabitation avec Tejpal avait très mal commencé. Il y a quelques années, ma maître d’apprentissage m’avait conseillé Loin de Chandigarh. Comme je n’aimais pas ma maître d’apprentissage (ouh la vilaine arpette) j’avais pris le roman en grippe et n’avais pas été plus loin que la quatrième de couverture. Une charmante blogueuse m’a ensuite prêté Histoire de mes assassins (merci Liliba) et, pleine de prévention à cause de Chandigarh, j’ai détesté. Même pas été jusqu’au bout. Vous commencez à penser la lecture de la Vallée des masques tient du masochisme. En fait, je n’ai pas reconnu l’auteur. Du coup, je l’ai ouvert avec un esprit vierge, et bien m’en a pris, parce que j’ai beaucoup aimé !
J’ai été passionnée par la description de cette secte et de ses adeptes et par l’évolution du personnage principal, de l’innocence de l’enfant à la monstruosité de l’adulte. Le lecteur suit tout le processus d’endoctrinement. Pendant très longtemps, j’ai trouvé tout normal, harmonieux. Un peu dur, mais on ne fait rien sans rien. Et tout d’un coup, mes yeux se sont décillés et je me suis rendue compte des atrocités que j’étais en train de lire. Les ressorts cachés me sont apparus, les personnages ont pris d’une autre ampleur et j’ai poursuivi ma lecture, révoltée.
Je suis très impressionné de voir à quel point Tejpal a su reproduire le processus de la secte au point de m’enrôler alors même que je partais prévenue puisque je savais que je lisais le récit d’un homme qui s’en était échappé. Je n’ai pas marché, j’ai couru.
À part quelques détails qui m’ont semblé un peu superflus (les laïus sur la musique entre autres) j’ai trouvé ce roman excellent, très bien construit et dans une langue efficace. Je vais peut-être jeter de nouveau un œil aux autres…