Relativiser l'existence dans un monde en chaos

Matt Prior a perdu son boulot,cumule les dettes et est prêt à perdre sa maison tandis qu'il soupçonne sa femme d'adultère.Cette avalanche d'infortunes en séries pourrait décourager le bonhomme mais son pragmatisme de journaliste économique lui fait lorgner la fin du tunnel à travers un deal d'herbe exponentiel. Ce point de départ ne dit rien qui vaille au lecteur mais on plonge dans cette histoire car le point de vue lucide et libertaire du narrateur et personnage principal est tout simplement jouissif. Aux portes de la faillite économique et personnelle, Matt Prior parvient à danser sous la pluie en exposant que sa vie n'est ni pire ni plus enviable que celle de son voisin d'a côté,plus ou moins dans la dèche que lui.Même si cet anti-héros,ex bobo désabusé, contemple son nombril et se plaint, il cristallise parfois ses faiblesses d'adulte soi disant responsable et se juge avec dédain,sévérité. Ce constat mi figue,mi raisin, induit que le lecteur adore voir Matt se dépatouiller avec ses contradictions, coexistant avec d'autres semblables dont la pantomime affligeante,prévaut aussi au delà des apparences.
Au delà de cette narration exceptionnelle, Matt le quadra est aussi un père qui fait de son mieux,tente de transmettre un modèle éducatif à ses enfants tout en pesant les limites de celui-ci, et aide un père sénile au crépuscule de sa vie. Sous l'étoffe cynique et mal léchée de cette homme se cache une nature anxieuse du devenir de sa famille et de sa pérénité et ce n'est pas possible d'y être insensible.
Même si le livre vous paraît dense, son intrigue discutable, vous ne vous ennuierez pas une seconde dans la vie financière des poètes.Entre la récréation littéraire et le stoïcisme de cet homme qui refuse de flancher, le lecteur aura passé des moments plein de sens, de sagesse aquaboniste jusqu'à la fin.Et comme dit l'autre: la vérité est ailleurs; mais tellement sous vos yeux.