Ça n'est franchement pas le meilleur opus de la série. Je passe sur l'enquête criminelle, inexistante, puisqu'après un décès et un incendie, Qwilleran attend que les choses se passent, entre tiraillements de moustache et clins d’œil appuyés de Koko pour le mettre sur la piste d'un criminel. Comme d’habitude, quoi. Le suspens atteint un niveau particulièrement bas, vu que c'est tout juste si les coupables ne s'affichent pas avec le mot "assassin" écrit en majuscules sur le front. Donc, pour passer le temps, Lilian Jackson Braun a flairé le bon coup : elle a émaillé le roman d'une série d'entretiens entre le journaliste et de vieux habitants de la région, devant déboucher sur l'écriture d'un livre sur le passé de Pickax. Bizarrement, c'est un artifice un peu grossier qui dévoile pourtant les moments les plus intéressants : les vieilles histoires locales ont plus de saveur que la pseudo-enquête de Qwilleran.
J'ai trouvé assez ridicule le fait que Polly connaisse tous les dialogues de Shakespeare par cœur, les déclame à qui mieux mieux et se répande en commentaires aussi insipides que "C'est un passage terrible" à propos de telle ou telle scène de telle ou telle pièce. Assez ridicule également la malédiction qui continue à s'acharner sur la famille Goodwinter et les coups du sort qui, par miracle, se font jour pour punir les méchants. Bref, l'auteure nous prend un peu pour des truffes, sur ce coup-là. Je n'ai jamais pensé que cette série recelait des trésors de littérature, mais il y a un petit d'abus dans ce roman-ci (ce ne sera pas le seul, malheureusement). Bon, ça se lit, mais sans plus.
Bonne nouvelle cependant : le chat William Allen n'est pas mort dans l'incendie. On ne l’apprendra que plusieurs volumes plus tard, mais je préfère rassurer les lecteurs les plus sensibles dès maintenant.