Aaaah, l'intrigue de ce roman, initiée par un double meurtre dramatique, est franchement tirée par les cheveux. Le truc, c'est qu'on a tellement l'habitude de ces scénarios alambiqués dans le roman policier, qu'on finit par se laisser facilement gagner par une discutable indulgence à l'égard de tels procédés, indulgence que les auteurs ne méritent pas forcément. Enfin bref, c'est pas très grave, vu que la qualité de l'intrigue policière n'est pas ce qui compte le plus dans un roman de Lilian Jackson Braun ; mais c'est un peu facile.
Du coup, que dire d'autre ? Faute d'une véritable enquête (mais là aussi, on est coutumier du fait), on passe plus de temps à suivre Qwilleran dans ses pérégrinations journalistiques avec bouquiniste et taxidermiste qu'à se soucier de la résolution de l'affaire criminelle. Il y a une légère tentative de l'auteure pour dénoncer les préjugés, qui portent forcément la population à suspecter de vagues délinquants et des personnes de condition modeste plutôt que des bourgeois bien installés, mais ça reste très très gentil... En revanche, j'ai peu goûté qu'on nous fasse passer Polly pour une vieille mégère affreusement possessive, tandis que l'attitude de Qwilleran, qui flirte outrageusement avec une autre femme, est considérée comme allant de soi. Bon, Lilian pense ce qu'elle veut de la fidélité dans le couple, pas de souci là-dessus, mais de là à fustiger les femmes qui n'apprécient pas que leur compagnon se montre volage (et à la vue de tous, qui plus est)... C’est un peu gros. Comme quoi la misogynie n'est pas une affaire réservée aux hommes.
Pour le reste, ben c’est comme d'habitude, d'où la pauvreté de ma critique : ça se lit tranquillement, sans effort, mais, pour ma part, avec moins de plaisir que les romans du début. Ce bouquin-ci manque d'ailleurs d'humour, ce qui explique peut-être mon absence évidente d'enthousiasme.