"Le chemin des morts" se lit en une petite heure. D'une part parce que le livre est court et d'autre part parce qu'il est tellement prenant que l'on avale les lignes.
François Sureau écrit très bien. Son style est percutant et doux à la fois. Il arrive à retranscrire facilement l'ambiance de ses années au Conseil d'Etat, son mode de vie et sa façon de voir les choses. On n'a aucun mal à s'imaginer à ses côtés et à voir ce qu'il s'est passé. C'est le côté doux de son écriture. Un vrai souci de l'humain en ressort.
Mais le livre est aussi une claque. En peu de mots, François Sureau parvient à nous conter une histoire tragique, sans en tirer de conclusions. Le lecteur se fera sa propre opinion de la situation : ont-ils eu raison ou tort ? C'est l'humilité de l'auteur qui le pousse probablement à ne pas imposer de conclusions à son lecteur.
Même pour un juriste qui n'est pas spécialisé dans le contentieux des étrangers, la lecture de cet ouvrage est précieux. Il s'agit d'un témoignage des difficultés à juger et à prendre ses responsabilités. Sous l'examen d'un cas se cache en réalité une courte réflexion sur la fonction de juge et sur l'acte de juger.
J'élargirai même mon propos en affirmant que l'ouvrage est intéressant au-delà même du cercle des juristes puisque François Sureau a pris soin de rester accessible lorsqu'il décrit les procédures et les problèmes de droit qui se sont posés dans l'affaire de Javier Ibarrategui. C'est l'occasion rare de pénétrer dans l'ancêtre de la CNDA et d'approcher la façon dont se construisaient les décisions à cette époque.
C'est aussi, mais à titre accessoire, un bel hommage à la culture basque. Le livre est donc court mais rempli de choses à analyser et à apprécier. Une belle claque !