Un fin flamboyante malgré un début un peu plat.

Ce roman comporte trois parties chronologiques racontées chacune par un protagoniste différent.

La première se déroule pendant le début du règne de Charles, depuis son adolescence à la cour de Pépin le Bref jusqu’avant la guerre contre les Avars — que l’auteure a évité certainement pour nous épargner tant elle s’est révélé horrible pour les vaincus. Elle se montre fidèle à l’histoire et constitue la vision du roi lui-même. Elle nous amène jusqu’à la rébellion de Pépin le Bossu et son enfermement. S’ensuit le récit de Pépin puis en dernier celui d’Amaudra. Pour ces deux dernières parties, la narration diverge de la version officielle, mais c’est là que se trouve le talent de l’auteure. Une fois emprisonné dans l’abbaye, Pépin sort de l’histoire. De même, Amaudra, en tant que fille bâtarde de Charlemagne, est à peine documentée. Cela laisse donc toute latitude à l’auteure pour les mettre en scène et elle ne s’en prive pas.

La jeunesse de Charlemagne aussi est peu connue. On ne sait même pas sa date ni son lieu de naissance. Et l’enfance du prince est peu connue. Même le partage du royaume de Pépin le Bref entre lui et son frère Carloman reste hypothétique. L’auteure avait donc la possibilité de se lâcher. Elle ne l’a malheureusement pas fait. Cette partie manque d’épaisseur et bien que les événements soient intéressants sur un plan historique, l’ambiance de l’époque est mal retransmise. On n’a aucune idée des costumes, des lieux de résidence, des modes de vie. Même la piété, à la limite de la bigoterie de Charlemagne n’est pas mise en valeur. Seuls les passages qui évoquent la guerre contre les Saxons, et son antagonisme contre Widukind se dégagent du lot.

Par contre, les chapitres narrés par Pépin, puis Amaudra changent du tout au tout. L’auteure laisse la bride sur le cou à son imagination et le récit s’emballe totalement. Le livre devient passionnant, addictif, riche en événements, avec une pointe de fantastique et un peu de poésie dans le style. Les personnages prennent de la profondeur, l’environnement se précise. Les liens entre les deux personnages principaux est très bien retranscrit. Ils se retrouvent après des années de séparation, se guérissent mutuellement leurs blessures. On a envie de savoir comment tout cela va évoluer.

C’est donc en fin de compte un roman qui m’aura donné beaucoup de plaisir à lire, bien qu’il ait fallu passer la partie où Charlemagne est le narrateur.