Le Cimetière
Le Cimetière

livre de Gerard Guix (2013)

"Le cimetière" de Gerard Guix : quand mourir n'est plus vraiment possible

Entre deux rentrées littéraires, la maison Aux Forges de Vulcain continue d’abreuver ses lecteurs de petites pépites bien dans la tradition de la maison. Avec Le cimetière de l’auteur catalan Gerard Guix, direction le futur et une dictature peu avenante où enterrer ses mots est devenu impossible… Lettres it be vous en dit plus !


La bande-annonce


Dans un futur où le changement climatique et une catastrophe nucléaire ont réduit les espaces habitables, la surpopulation met en péril la vie. Il est devenu obligatoire d'incinérer les morts sous peine d'un terrible châtiment pour ceux qui tenteraient de les faire enterrer. Les familles peuvent pleurer leurs défunts dans des cimetières virtuels, les suicides sont fortement encouragés, les relations sexuelles non virtuelles et les grossesses sont interdites. Isobel jeune femme rebelle qui veut enterrer sa mère va s'éprendre de Travis, le gardien du cimetière, jeune homme fascinant qui n'est peut-être pas ce qu'il prétend être...


L’avis de Lettres it be


C’est un premier roman. Le cimetière est en effet le premier livre écrit par cet auteur catalan né en 1975. Et quel roman : dès le préambule, l’auteur annonce la couleur. Il va falloir fermer les yeux et imaginer, histoire d’être pleinement emporté dans un tourbillon d’angoisse, de peur mais, quand même un peu, de douceur. Prêt pour le voyage ?


Nous sommes dans le futur. La dictature règne, les livres ne sont plus que des souvenirs que l’on se raconte de génération en génération. Mais il y a pire encore… Enterrer ses mots est devenu interdit, faute de place sous terre. Alors les cimetières numériques ont vu le jour, histoire de célébrer ses disparus encore un peu. C’est le point de départ, surprenant, de ce premier roman assurément ambitieux.


Isobel est le personnage principal de ce roman. Très vite, elle semble errer plus qu’elle ne vit dans le but d’accomplir un mystérieux projet. De fil en aiguille, on comprend vite la teneur de ce projet et les risques encourus. Puis il y a Travis, gardien de cimetière solitaire, étrangement sympathique et attachant. Les deux personnages, les seuls en présence ou presque, vont alors entrer dans une danse faite de mouvements incessants et de rejets nombreux. Il fait froid, il fait sombre, c’est glauque et il neige. Sans se forcer, le lecteur entre aussi dans la danse et dans l’ambiance.


Au-delà d’une histoire particulière mais qui semble tenir dans un mouchoir de poche qui n’est autre que ce cimetière à disparaître, Gerard Guix réussit à donner à son livre une allure particulière. Dans cette espèce de huis-clos très nuageux, le Catalan propose un roman qui semble s’appuyer sur bon nombre de références. Difficile de passer à côté des clins d’œil lancés, entre autres, au Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, à Emily Brontë et ses Hauts de Hurlevent, etc. Tant les références à d’autres piliers du genre sont nombreuses, on se surprend à penser Le cimetière comme un hommage discret, comme ce petit garçon qui a fière allure mais se cache encore sous les jupes de sa mère. Pourtant, ça fonctionne bien et cette histoire-là séduit.


Une fois de plus avec un roman made in Aux Forges de Vulcain, on est surpris. Agréablement surpris. Cette sombre histoire, que l’on espère dystopique, capte l’attention avec une langue ciselée, sans fioritures, un cadre quand même assez angoissant mais plutôt bien posé. Nouvelle voix du roman catalan, Gerard Guix pose avec Le cimetière de bien belles premières pierres.


Découvrez la chronique en intégralité sur le site de Lettres it be : https://www.lettres-it-be.fr/critiques-de-romans/auteurs-de-f-%C3%A0-j/le-cimeti%C3%A8re-de-gerard-guix/

Lettres-it-be
7
Écrit par

Créée

le 5 janv. 2020

Critique lue 83 fois

1 j'aime

Lettres-it-be

Écrit par

Critique lue 83 fois

1

D'autres avis sur Le Cimetière

Le Cimetière
Math_le_maudit
4

Retour en 1984

Mouais, ce roman ne m'a pas convaincu. Il m'a beaucoup rappelé le roman Une immense sensation de calme de Laurine Roux, que j'avais lu l'an dernier. Je peux en effet lui reprocher les mêmes choses,...

le 19 déc. 2019

Du même critique

L'Homme qui pleure de rire
Lettres-it-be
2

"L'homme qui pleure de rire" de Frédéric Beigbeder : la fin d'Octave Parango, et de Frédéric Beigbed

Après Une vie sans fin, autobiographie transhumaniste pas vraiment captivante, Frédéric Beigbeder revient en librairie ! En bon communiquant, l’auteur n’a choisi rien d’autre qu’un smiley pour titre,...

le 1 janv. 2020

12 j'aime

Destin Français
Lettres-it-be
7

"Destin français" d'Eric Zemmour : notre critique du nouveau livre de Zemmour

Après Le suicide français paru en 2014 puis Un quinquennat pour rien deux ans plus tard, Eric Zemmour revient en librairie. Cette fois, le polémiste (ou présenté comme tel) propose un essai-fleuve,...

le 7 oct. 2018

11 j'aime

2

Leurs enfants après eux
Lettres-it-be
4

"Leurs enfants après eux" de Nicolas Mathieu : bienvenue chez eux

Après s’être confronté au roman noir avec Aux animaux la guerre paru en 2014 chez Actes Sud dans la collection Actes noirs, Nicolas Mathieu revient du côté des rayonnages « Littérature française »...

le 1 sept. 2018

11 j'aime

5