Par Gladys Marivat

Les "college" de Cambridge, les chorales et les étudiants embarquant leurs silhouettes graciles sur la Cam sont le cadre idéal pour des romans d’apprentissage à l’issue tragique, rarement pour des remakes du Frankenstein de Shelley. C’est pourtant bien à Victor Frankenstein, étudiant surdoué qui refuse la connaissance moderne au nom d’anciennes croyances, que fait penser Eden Bellwether. Brillant organiste issu d’une famille aisée, il se passionne pour les écrits d’un théoricien et compositeur allemand du XVIIIe siècle, Johann Mattheson, selon qui la musique a le pouvoir de manipuler l’âme, et même de guérir les corps. Oscar, aide-soignant dans une maison de retraite, en fait les frais : sortant du travail, il pénètre à King’s College, attiré par l’orgue… et tombe sous le charme d’Iris, la sœur d’Eden. Mais Wood ne nous fait pas le coup de l’éducation sociale et sentimentale. C’est à travers Oscar qu’advient la connaissance, lui qui vient de lire Descartes et découvre les écrits d’Herbert Crest sur la Personnalité Narcissique, l’espoir et la folie… Aux commandes de ce roman très maîtrisé, Benjamin Wood, 34 ans, orchestre le choc de deux esthétiques. Côté Bellwether : l’esprit, le privilège de l’isolement et d’une existence dédiée à l’art. Côté Oscar : le corps, la collectivité et le travail alimentaire. Petit à petit, l’aide-soignant entre par effraction dans le monde des Bellwether, tandis que le sien reste pour eux impénétrable. Roman du renversement de l’ordre établi – universitaire, social –, ce Complexe est une bombe, le premier roman futé d’un écrivain qu’il faudra suivre. Le succès en France est d’ores et déjà annoncé, puisqu’il vient d’obtenir le prix du roman FNAC.
Chro
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le 8 sept. 2014

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