L'homme que vous aimerez hair
Des bruits sourds étouffés, des éclats de voix, des pleurs, des cris. Des pots d'honneur que des fous tendent à travers leurs barreaux. Des voisins bien bruyants, parfois emmitouflés, inexistants, distants et irraisonnés, ou bien tentants de se réchauffer l'un l'autre; mi-figue mi-raisin. Au loin dans l'ombre un homme en T-Shirt qui fume, et bien trop. Puis soudain un bruit de pas, une vraie gueule de brute première vêtue d'un uniforme strict, un visage tendu, des clés: Clong ! Clang ! Vous êtes dans le couloir de la mort. Et celui dont on ne réchappe pas, à moins d'être... surhumain.
Par une atmosphère diffuse aussi constante qu'un champ de bruyères, Grisham n'échappe à aucun cliché du genre au sujet de la peine de mort, toutefois si on est abasourdi par le thème on poursuit pourtant la lecture pour découvrir un autre monde sinon des constructions sérieuses avec une narration étudiée. En effet, si celui-ci n'oublie pas les sarcasmes de la satire dans laquelle on vit tous, il parvient à nous interroger sur le sort de ce Sam Cayhall; tueur du KKK ayant semble-t-il un beau jour déposé une bombe dans d'importants bureaux d'une grande ville. En fait l'opération-commando d'une minorité, où les vrais coupables, ceux qui tirent les ficelles dans l'ombre, ne seront par ailleurs jamais condamnés: Car le rusé auteur ne fait pas que décrire, il dénonce aussi d'autres haines et dictatures obligatoires, bien sûr celle de la laideur, d'autres guerres déclenchées pour satisfaire les lobbies, la tyrannie très acceptée du népotisme, la complaisance très aidée de la cupidité des médias, et surtout, plus que jamais, les nombreuses violations des droits de l'homme ainsi que la barbarie du capitalisme. Une matière à débattre très ambiguë, mais le suspense se délitant au bout de la seconde partie on se surprend en fait à débattre avec Grisham, et ce tout simplement parce que les questions qu'il soulève sont universelles et placent, d'autre part, dans une position plutôt bancale une société toute entière.