Hum, le délicieux roman que vous n’allez pas pouvoir lâcher avant d’avoir achevé les dernières lignes… Deux époques et deux lieux s’entremêlent : Manhattan, 1969 et Dresde, février 1945.
Dans un restaurant italien, Werner Zilch dîne avec son ami et associé Marcus Howard lorsqu’il voit apparaître LFDSV. LFDSV ? La Femme De Sa Vie ! Il en est certain, c’est elle et il la veut. Or, cette dame est accompagnée et s’engouffre dans une Rolls que notre héros passionné va suivre à grand peine à bord de sa Chrysler jaune. Lorsqu’il retrouve le véhicule garé, sa belle n’est plus là et lui ne peut rester : une réunion importante l’attend.
Si le flamboyant Werner est prêt à faire le pied de grue devant la voiture de sa blonde, quitte à perdre dix millions de dollars, Marcus, son associé, nettement moins fougueux et plus terre à terre, ne veut rien entendre : ils doivent assister à ce rendez-vous, un point c’est tout !
Qu’à cela ne tienne, Werner décide de foncer sur la voiture de Madame. Il pose sur le pare-brise un petit message l’invitant à prendre contact avec lui… ce qu’elle fera, évidemment…
Werner et son associé sont à la tête d’une entreprise de construction et de réhabilitation de bâtiments : Z&H. Ils achètent, détruisent ou rénovent et… vendent, cher, très cher.
Les débuts sont un peu durs, il n’est pas question de faire des folies mais ils y croient et ils en veulent. Si le père de Marcus est à la tête d’un cabinet d’architectes et bien placé pour aider les deux jeunes loups, Werner, lui, ne peut s’appuyer sur personne : il ne connaît rien de ses origines. Il a été adopté par un couple adorable et fou de leur petit garçon qui a respecté la volonté de la mère biologique : garder le nom et le prénom de l’enfant.

Dresde, Allemagne, février 1945. La ville est détruite, le chaos complet. Tout brûle. Seule l’église Notre-Dame tient encore debout et abrite les blessés qui viennent s’y réfugier et bien souvent y mourir. Une femme dont les jambes ont été coupées est en train d’accoucher. Elle s’appelle Luisa. Le chirurgien lui promet qu’elle verra son fils. Lorsqu’il lui présente le nouveau-né, elle a ces paroles mystérieuses : « Il s’appelle Werner. Werner Zilch. Ne changez pas son nom. Il est le dernier des nôtres. » Sur ces paroles, elle meurt…

Marcus parviendra-t-il à supporter un associé complètement irresponsable, fou sur les bords, d’une force vitale insondable, prêt à tout plaquer pour une femme à qui il n’a jamais parlé et affublé (ah oui, j’avais oublié de vous le dire !) d’un énorme chien répondant au nom de Shakespeare ? Quant à Werner, retrouvera-t-il LFDSV et par quel hasard de l’Histoire a-t-il quitté l’Allemagne pour les États-Unis ? Saura-t-il un jour d’où il vient et pourquoi il a la lourde responsabilité d’être « le dernier des nôtres » ? Au fond, de quelle histoire Werner est-il l’héritier ?
A la fois roman des origines et roman historique, cette œuvre plonge son lecteur dans une époque effrayante et barbare, celle de l’Allemagne nazie et pose la question de l’héritage qui est le nôtre à la naissance, du destin qui d’une certaine façon nous poursuit quand bien même on pensait y échapper.
Dans ce roman grave et léger à la fois, l’auteur a su rendre terriblement attachants des personnages hauts en couleur, passionnés, à jamais meurtris, généreux et fous que l’on a hâte de retrouver.
C’est aussi, malgré la noirceur des événements rapportés, un roman plein d’espoir qui dit que tout peut se reconstruire par l’amour et le don de soi.
Alors surtout, ne boudez pas votre plaisir, plongez-vous sans vous retenir dans cette fresque romanesque folle et délicieuse, dans ce « page-turner » à la construction efficace qui va vous tenir éveillé une bonne partie de la nuit…
Vraiment, un bon moment de lecture en perspective…


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le 1 oct. 2016

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