Ce livre réunit les nouvelles parues précédemment sous les titres "Des gens sans importance" et "Des gens désenchantés". Dans ces textes publiés dans la Russie des années 20, Panteleïmon Romanov parle des "gens" en effet. Avec une subtilité et une sensibilité qui allait tout à fait à contre-courant de cette époque de contre-révolution et de prise de pouvoir personnel de Staline.
Comme avait pu le constater alors Andreï Biely, la Révolution de l'esprit n'avait pas eu lieu. Les personnages de Panteleïmon Romanov sont donc enfermés dans des contradictions insolubles, déchirés entre les aspirations de leur intériorité et les exigences de conformité à leur milieu, condamnés au mensonge et au reniement de tout ce qui leur importe vraiment.
"Il m'est venu à l'esprit qu'en agissant de la sorte, je m'étais comportée exactement comme lorsque nous refusons d'améliorer les choses qui nous entourent. Donc, je voulais prendre ce qu'il y avait de meilleur sans dépenser pour cela la moindre énergie."
Ce qui intéresse Romanov, c'est l'être humain. Il ne le voit presque jamais comme "mauvais". Il y distingue au contraire tout ce qu'il pourrait être dans d'autres circonstances, s'il n'était pas amené à se poser en dehors de lui-même pour survivre, s'il pouvait déployer ses qualités propres. La structure sociale continue donc à se manifester comme machine à broyer et comme le dira ultérieurement Walter Benjamin, trouvant largement écho jusqu'en notre modernité béate, "Le progrès n'a pas eu lieu".